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rent avis et conseil de le marier. Si envoyèrent un évêque, deux chevaliers bannerets("), et deux bons clercs à monseigneur Jean de Hainaut, pour lui prier

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qu'il y voulût bon moyen être et mettre bon conseil à ce que le jeune roi leur sire fut marié; parquoi monsieur son frère le comte de Hainaut et de Hollande lui voulut envoyer une de ses filles; car il l'auroit plus chère que nulle autre, pour l'amour de lui. » Le sire de Beaumont fêta et honora ces messages et commissaires du roi anglois quant (autant)qu'il put, car bien le savoit faire. Quand bien fêtés les eut, il les mena à Valenciennes par devers son frère qui moult honorablement les reçut aussi et fêta si souverainement bien que longue chose seroit à raconter.

Quand assez fêtés furent, ils firent leurs messages sagement et à point, ainsi que chargé leur étoit. Le comte leur répondit moult courtoisement, par le conseil de monseigneur Jean son frère et de madame la comtesse mère à la demoiselle, et leur dit que moult grands mercis à monseigneur le roi et à madame la reine et aux seigneurs par quel conseil ils étoient là venus, quand tant leur étoit que de lui faire tel honneur que pour telle chose ils avoient si suffisans gens à lui envoyés; et que moult volontiers

(1) Le docteur Roger Northborough, évêque de Litchfield et de Coventry. (Ashmole). J. A. B.

(2) Les chevaliers Bannerets étoient autrefois des gentils hommes puissants par leurs possessions territoriales et le nombre de leurs vassaux dont ils formoient des compagnies en temps de guerre. On les appeloit Bannerets, parce qu'ils avoient droit de porter une bannière. Ils subsistèrent jusqu'à la création des compagnies d'ordonnance par Charles VII, J. A. B.

s'accorderoit à leur requête, si notre saint père le Pape et sainte église s'y accordoient. Cette réponse leur suffit assez grandement; puis envoyèrent deux de leurs chevaliers et deux clercs en droit pardevers le saint père à Avignon (), pour impétrer (obtenir)dispensation de cellui mariage accorder ("); car sans le congé (permission) du saint père faire ne se pouvoit, pour le lignage de France dont ils étoient moult prochains, si comme en tiers degré; car leurs deux mères étoient cousines germaines issues de deux frères (3). Assez tôt après ce qu'ils furent venus en Avignon, ils eurent faite leur besogne; car le saint père et le collége s'y consentirent assez bénignement pour la haute noblesse dont tous deux étoient issus.

CHAPITRE XLVI.

COMMENT MADAME PHILIPPE DE HAINAUT FUT MARIÉE AU ROI D'ANGLETERRE, ET COMMENT ELLE FUT HONORABLEMENT REÇUE A LONDRES.

QUAND

UAND ces messages furent revenus d'Avignon à Valenciennes, à (avec) toutes leurs bulles, ce mariage fut tantôt octroyé et affermé d'une part et

(1) Les Papes y résidoient depuis 1309. J. A. B.

(2) Édouard avoit déjà écrit au pape pour obtenir cette dispense: ses lettres datées d'Yorck le 15 d'août supposent même qu'il lui avoit précédemment écrit pour le même sujet (Rymer, Ibid. P. 194). Aussi les chevaliers trouvèrent-ils la bulle de dispense toute dressée: elle est datée du 3 des calendes de septembre, c'est-à-dire, du 3 août, jour auquel ils ne pouvoient pas être encore arrivés à Avignon. (Ib. lbid. P. 196.) J. D. (3) Isabelle de France, mère d'Édouard, étoit fille de Philippe-le-Bel:

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d'autre. Si fit-on la devise pourvoir et appareiller de tout ce qu'il falloit, si honorablement comme à telle demoiselle qui devoit être reine d'Angleterre afféroit (appartenoit). Quand appareillée fut, comme dit est, elle fut épousée par vertu d'une procuration apparent suffisamment, qui là fut apportée de par le roi d'Angleterre ("); et puis fut mise en voie pour emmener en Angleterre pardevers son mari qui l'attendoit à Londres là où l'on la devoit couronner. Et monta en mer la dite demoiselle Philippe de Hainaut à Wissan et arriva et toute sa compagnie à Douvres (2), et la conduisit jusques à Londres ce gentil chevalier messire Jean de Hainaut son oncle, qui grandement fut reçu, honoré et fêté du roi et de madame la reine sa mère, des autres dames, des barons et des chevaliers d'Angleterre. Si eut adonc à Londres grand'fête et grand'noblesse des seigneurs, comtes, barons, chevaliers, de hautes dames et de nobles pucelles, de riches atours et

Jeanne de Valois, mère de Philippe de Hainaut, étoit fille de Charles de Valois frère du même Philippe-le-Bel. (Hist. gén. de la mais. de Fr. T. 1. P. 91. 100.) J. D.

(1) Cette procuration étoit adressée à l'évêque de Coventry et de Litchfield, et datée de Nottingham le 8 octobre. (Rymer, Ibid. P. 198.) J. D.

(2) Elle n'y étoit point encore arrivée le 28 novembre, date des lettres de sauf-conduit données Édouard par pour elle, pour son père et pour leur suite, dans lesquelles il est parlé d'eux comme devant bientôt arriver, qui infrà regnum nostrum proximò sunt venturi, dit le Prince. (Rymer, lbid. P. 203. 204.) Au reste, il ne paroît pas que le comte de Hainaut ait fait usage de ce sauf-conduit. S'il eut été en Angleterre avec sa fille, Jean-le-Bel qui étoit attaché à la maison de Hainaut, et qui étoit peut-être de la suite de la princesse, n'auroit pas omis de le nommer conjointement avec Jean de Hainaut. J. D.

de riches paremens, de jouter et de bouhourder (tournoyer) pour l'amour d'elles, de danser, de caroler, de grands et beaux mangers chacun jour donner; et durèrent ces fêtes par l'espace de trois semaines.

Au chef (bout) de ces jours messire Jean de Hainaut prit congé et s'en partit à (avec) toute sa compagnie de Hainaut, bien fournis de beaux joyaux et riches qu'on leur avoit donnés d'un côté et d'autre en plusieurs lieux; et demeura la jeune reine Philippe à (avec) petite compagnie de son pays, horsmis un jeune damoisel" qu'on appeloit Watelet de Mauny (2), qui y demeura pour la servir (3) et tailler devant elle, lequel acquit depuis si grand' grâce du roi et de tous les chevaliers et seigneurs du pays qu'il fut du secret et du plus grand conseil du roi, au gré de tous les nobles du pays; et fit depuis

(1) Damoiseau, titre qu'on donnoit aux fils des seigneurs qui n'étoient point encore armés chevaliers. (Voyez le Gloss, de Ducange, au mot Domicellus.) J. D.

(2) C'est le même qui devint dans la suite si célèbre sous le nom de Gautier Wautier de Mauny. Gautier de Mauny est aussi un des héros du vœu du héron, poëme de cette époque que je crois devoir donner en entier dans l'Appendice de ce volume, parce qu'il contribue beaucoup à l'explication de certains faits rapportés par Froissart, surtout en ce qui concerne la première expédition d'Édouard III en France. J. A. B.

(3) C'est-à-dire, pour couper les viandes à la table de la reine. On appeloit écuyers tranchans ceux qui étoient chargés de cette fonction. Les jeunes gens de la plus haute naissance n'en étoient pas dispersés, et les enfans des rois exerçoient souvent cet office à la table de leurs pères. (Mém, sur l'ancienne chevalerie, par M. de la Curne de Ste. Palaye, édit. in-4°. P. 12. Voy. aussi la note sur ce passage, P. 112.). D. (4) Le reste de ce chapitre manque dans les imprimés.

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DE JEAN FROISSART.

(1328) si grands prouesses de son corps, en tant de lieux, qu'on n'en pourroit savoir le nombre, si comme vous orrez (entendrez) avant en l'histoire, s'il est qui le vous dise. Or nous tairons-nous de parler de lui tant qu'à présent et des Anglois, et retournerons aux Écossois.

CHAPITRE XLVII.

COMMENT LE BON ROI ROBERT D'ÉCOSSE, LUI ÉTANT AU

LIT DE LA MORT, MANDA TOUS SES BARONS ET LEUR RECOMMANDA SON FILS ET SON ROYAUME, ET EN CHAR

GEA A MONSEIGNEUR JACQUES DE DOUGLAS QU'IL PORTAT SON COEUR AU SAINT SÉPULCHRE.

APRÈS ce que les Écossois se partirent de la montagne par nuit, là où le jeune roi Édouard et les seigneurs d'Angleterre les avoient assiégés, si comme vous avez ouï, ils allèrent vingt deux lieues de cellui sauvage pays, sans arrêter, et passèrent cette rivière de Tyne assez près de Carduel (Carlisle) en Galles (Galloway), chacun à ses pieds; et lendemain ils revinrent en leur pays et se départirent par l'ordonnance des seigneurs, et ralla chacun en sa maison. Assez tôt après les seigneurs et aucuns bons prud'hommes pourchassèrent tant entre le roi d'Angleterre et le roi d'Écosse que une trève fut accordée entre eux à durer par l'espace de trois ans (1).

(1) On conclut d'abord une trève qui devoit durer jusqu'au Dimanche de la mi-carême de l'année 1328 (Rymer, T. 2. Part. 3. P. 5.), et qui fut suivie d'une paix humiliante pour le roi d'Angleterre. Édouard se

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