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Les crimes doivent-ils être punis par d'autres crimes, et par de plus grands criminels? Retourne à ton enfer; tu n'as point de pouvoir sur moi..... Je le sens. Je sais que tu ne me posséderas jamais. Ce que j'ai fait est accompli. Je porte au-dedans de moi une torture à laquelle tu ne pourrais rien ajouter. L'âme, qui est immortelle, se fait juge de ses bonnes ou mauvaises pensées. Indépendante des lieux et des temps, elle est elle-même la source et le terme de ses maux. Une fois affranchie de sa dépouille mortelle, son sens intime n'emprunte aucune couleur aux choses passagères du dehors. Elle est absorbée dans la souffrance ou dans la joie, selon qu'elle se connaît, selon qu'elle s'est ju

Must crimes be punish'd but by other crimes,
And greater criminals?-Back to thy Hell!
Thou hast no power upon me, that I feel;
Thou never shalt possess me, that I know:
What I have done is done, I bear within
A torture which could nothing gain from thine;
The mind which is immortal makes itself
Requital for its good or evil thoughts-
Is its own origin of ill and end—

And its own place and time—its innate sense,
When stripp'd of this mortality, derives
No colour from the fleeting things without;
But is absorb'd in sufferance or in joy,

Born from the knowledge of its own desert.

Thou didst not tempt me, and thou could'st not tempt me; I have not been thy dupe, nor am thy prey—

But was my own destroyer, and will be

gée. Tu ne m'as point tenté, tu ne pouvais me tenter. je n'ai pas été ta dupe, je ne suis pas ta proie; j'ai été mon propre bourreau, je le serai encore dans l'avenir. Eloignez vous, démons! Je brave votre puissance; la main de la mort est sur moi, et non la vôtre! >>

Il expire.

Quelle grande pensée que de représenter l'homme seul arbitre de sa destinée, n'attribuant ses égaremens ni aux passions, ni aux circonstances, mais à lui seul.

Je me suis laissé aller à donner une longue analyse de Manfred, mais c'est que j'ai cru ne pouvoir trop insister sur l'importance morale de ce poème; on ne l'a pas assez généralement sentie, on l'a même contestée en Angleterre.

D'ailleurs, ce drame contient toutes les doctrines morales et religieuses de lord Byron; et sous ce point de vue, les citations avaient un trop haut intérêt, pour ne pas les multiplier. Quoique le poète ait personnifié le génie du mal, ou le mauvais principe, sous le nom d'Arimane, il ne lui donne pas la souveraineté de l'univers; il le force au contraire à reconnaître un dieu plus puissant que lui.

Lorsque les esprits ténébreux pressent Man

My own hereafter.-Back, ye baffled fiends!
The hand of Death is on me-but not yours!

fred de s'abaisser devant le pouvoir qui les gouverne, il répond : « Commandez-lui plutôt de se prosterner devant ce qui est au-dessus de lui, devant l'Éternel, l'Infini!.... devant le puissant Créateur, qui ne l'a pas créé pour être adoré. Qu'il s'agenouille, et je me prosternerai avec lui. (*)

Jamais l'homme ne fut élevé plus haut; jamais il n'exprima mieux le sentiment de sa force morale. Ses pensées, ses visions même ont un corps. Le passé, l'avenir de sa vie s'animent tout-à-coup. Il n'est pas jusqu'aux merveilles muettes de la nature, auxquelles il ne prête une voix et des formes divines. Mais au milieu de cette grandeur imposante, Manfred porte en lui-même un germe de mort et de malédiction. Un orgueil égal à celui de Satan a préparé sa chute, et fait partie de son châtiment. Il est abaissé, humilié à ses propres yeux, et son âme altière en gémit.

(*) « Bid him bow down to that which is above him,

The overruling Infinite-the Maker

Who made him not for worship-let him kneel,
And we will kneel together. »

CHAPITRE VIII.

LE SIÈGE DE CORINTHE.--PARISINA.-DE L'IMITATION EN FRANCE. DE L'ÉCOLE ROMANTIQUE.—LE VAM

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PIRE. CE QU'EST AUJOURD'HUI LA LITTÉRATURE

ANGLAISE.- ANALYSE DE MAZEPPA.

LE Siège de Corinthe, qui parut avant Manfred, a tout le feu, tout le tumulte des batailles; et, par un contraste habilement ménagé, les descriptions ont un calme extraordinaire. Celle qui précède l'apparition de Francisca, l'amante d'Alp le renégat, est surtout remarquable. La voici :

« Il est minuit sur le vert sombre de la montagne la lune froide et arrondie brille d'un lumière pénétrante. Les eaux bleues roulent sans bruit; le ciel s'étend au-dessus comme un océan parsemé d'îles de

'Tis midnight on the mountain's brown
The cold, round moon shines deeply down;
Blue roll the waters; blue the sky
Spreads like an Ocean hung on high,
Bespangled with those isles of light,
So wildly, spiritually bright;

lumière, mystérieuses, étincelantes et pures. Qui jamais a pu les voir briller, et redescendre vers la terre, sans regret! Qui n'a souhaité des ailes pour s'envoler et se fondre dans leurs éternels rayons?

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« Des deux côtés du rivage, les vagues sont calmes, transparentes, azurées comme l'air; à peine leur écume fait-elle trembler les cailloux; elles murmurent doucement comme un ruisseau. Les vents assoupis sur les vagues semblent bercés par elles. Les bannières retombent en plis ondoyans; et audessus étincelle le croissant à pointes recourbées. Ce profond silence n'était interrompu que par la sentinelle qui répétait le signal, ou par les hennissemens fréquens et sonores du coursier auquel répondait l'écho de la colline. De temps en temps, un sourd bourdonnement, semblable au frémissement

Who ever gazed upon them shining,
And turned to earth without repining.
Nor wished for wings to flee away,
And mix with their eternal ray?
The waves on either shore lay there
Calm, clear, and azure as the air;
And scarce their foam the pebbles shook,
But murmured meekly as the brook.
The winds were pillowed on the waves;
The banners drooped along their staves,
And, as they fell around them furling.
Above them shone the crescent curling;

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