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Duc de Grafton. Nous ne pouvons concevoir en France que votre Parlement soit si indulgent envers vos Ministres, et que le Reis Effendi Dundas l'emporte toujours sur les vrais amis du peuple.

Je vous supplie, My Lord, de ne point m'attribuer l'opinion énoncée par un de mes collègues,1 qui porte à peu près le même nom que moi, et qui a énoncé sur les prêtres des sentiments rejetés il y a quinze jours avec indignation.

Il voulait que les prêtres papistes continuassent de constater l'état civil des citoyens, et qu'on substituât à l'aristocratie des dissidents l'aristocratie des conformistes. Ce Monsieur François est un poëte, qui a le genus irritabile vatum, et qui a raisonné dans cette circonstance comme un arrêt du Parlement. L'Assemblée Constituante a fait de grandes fautes, que nous sommes forcés de corriger ou d'expier; et l'une des plus grandes fut de placer dans la Constitution un clergé salarié par l'Etat. Mirabeau lui-même dit cette grande sottise, qui lui fut soufflée par le Janseniste Camus et par M. Lamourette, Evêque de Lyon, qu'il fallait coordonner l'organisation sacerdotale avec l'organisation civile. Il est par trop évident qu'une nation qui se gouverne par les lois du sens commun ne doit pas plus se mêler de culte et de prêtres que de médecins, de comédiens, ou de toute autre classe qui vend l'orviétan et qui vit des sottises des hommes. J'admets le principe, professé il y a quinze jours, dans votre Chambre par un Evêque; mais je

1 François (de Neufchâteau).
2 No speech answering to this

date of this description, appears in the debates of the House of Lords.

l'étends beaucoup plus loin que lui, savoir, qu'il n'y a

que des sots ou de coquins qui puissent croire au papisme. Non, my Lord, l'intolérance n'est pas dans notre Constitution, ni dans nos lois réglementaires, quoique le salaire du culte y soit. Elle n'existe pas dans le fait, puisque dans toutes les grandes villes de France les dissidents pratiquent leur culte; mais ces dissidents sont détestés du peuple, parceque au moyen de l'infâme usage de la confession ils indisposent les femmes contre leurs maris, les filles contre leurs pères, et opposent ainsi la moitié du genre humain qui est faible à l'autre moitié qui est forte et patriote.

Tous ces traits envenimés sont invisibles et insaisissables dans une religion où tout est mystère, secret, et sottise. Les mandements, les écrits incendiaires, les processions nocturnes, les promesses d'indulgence, les miracles; voilà avec quoi ils travaillént les imaginations faibles; voilà avec quoi ils soulèvent les fidèles des campagnes contre les curés conformistes, qui pour se défendre contre de si rudes attaques, sont devenus euxmêmes intolérants par nécessité contre ceux qui ne voulaient pas les tolérer eux-mêmes. J'ai vu et suivi de près comme administrateur ces hideuses convulsions de l'agonie sacerdotale; et j'ose croire, que tant qu'on ne fera qu'émonder au lieu d'arracher par le pied l'arbre papal, on en recueillira des fruits empoisonnés. Défiezvous, my Lord, de nos Evêques fugitifs. Ils se disent persécutés, dans la rage où ils sont de n'être plus persécuteurs. Ils parlent de leurs consciences, et vous le savez, My Lord, nous ne comptions pas en France dix Evêques qui crussent en Dieu.

Le Roi vient de réparer le tort qu'il a eu de renvoyer le seul de ses Ministres qui fut patriote, et qui serait devenu un autre Chatham (M. Narbonne), en s'entourant d'un Ministère tout Jacobin. J'espère que la confiance

et l'harmonie entre les deux

pouvoirs renaîtront. Il

faut que les Ministres aient un caractère de patriotisme plus prononcé que celui de tous les autres fonctionnaires, pour éloigner les soupçons qui s'attachent naturellement à ces grandes places situées dans une atmosphère de corruption.

Vous savez les mouvements énergiques que la nation a manifesté pour le recrutement. Quoique nous ayons déjà deux cent mille gardes nationales sur les frontières, dans un espace de trois semaines il s'en enrégimente environ cent mille hommes, quoiqu'il n'en manquât que cinquante-six mille, moyennant trois guinées et trois sous par lieue.

Un seul district, celui de Bordeaux, a offert de compléter les cinquante-six mille hommes. Si nous avions un poste pris ou une de nos armées battues, nous pourrions compter sur un million d'hommes armés dans un espace de huit jours. La difficulté serait de contenir, mais non pas d'exciter. Vous vous rappelez que sous l'ancien régime, malgré les fraudes dont on usait et les sommes énormes que l'on donnait, on avait beaucoup de peine à faire trois mille recrues par an. Alors c'était le Roi; aujourd'hui c'est la nation: voilà tout le secret. Je vous assure sur ma tête, my Lord, que la Révolution pourra bien avancer, mais qu'elle ne rétrogradera pas. Le zèle n'a jamais été plus marqué, ni plus constant, dans aucune autre époque de la Révolution. Je suis

lent à admirer, mais le spectacle qu'offre le peuple de Paris a quelque chose digne d'attention. Il sent le besoin de l'ordre et de la loi; et quoique armé, il se montre toujours soumis, malgré les insinuations des brigands de la Cour, et des brigands des départements. Les femmes et les enfans également armés partagent les mêmes sentiments; l'homme sent sa dignité; et vous seriez tout surpris d'entendre les hommes de la halle parler à la barre avec la fierté et l'éloquence qu'on trouve dans Tite-Live.

Je dois vous dire un mot des finances. L'Assemblée Constituante a imaginé un système d'impositions admirable sur le papier, mais d'une complication hors de la portée des municipalités villageoises. Partout le citoyen est prêt à payer; la bonne volonté est partout : mais les rôles ne sont pas faits dans tous les départements. Nous venons de prendre de nouvelles mesures à ce sujet; et dans cette partie, comme dans beaucoup d'autres, nous sommes forcés de corriger les fautes de nos prédécesseurs.

Je suis, avec respect, etc.,

FRANÇAIS.

M. Etienne Dumont au Comte Stanhope.

MY LORD,

Lansdowne House, 29 juin, 1792. Mr. Bentham n'a pas publié son opinion sur les Jurés. Je ne l'ai connue que par conversation à l'occasion de celle de M. de Malesherbes, dont je lui parlais. C'est son opinion sur les Circuits Anglais qu'il a imprimée dans un ouvrage sur l'organisation judiciaire

qu'il adressait au Comité de Constitution de l'Assemblée Nationale. Voici ses arguments autant que je me les rappelle.

L'impartialité des Juges; premier avantage des Circuits.

Il est vrai qu'un Juge qui ne fait que passer ne form point de liaisons, mais cela n'empêche pas qu'il ne puisse en exister plusieurs; et parceque les Gentlemen viennent à Londres, et y vivent une partie de l'année; et parceque les Avocats avant d'être Juges vont plusieurs fois dans les mêmes Circuits; et parceque les Juges ne peuvent pas changer toutes les années.

Cependant, il est certain que la méthode des Circuits présente quelques avantages à cet égard, mais très-faibles. Ce qui fait surtout l'impartialité du Juge c'est la responsabilité, la publicité, et dans votre opinion l'unanimité du Juré. Quand on a ces puissantes cautions il n'est pas besoin de s'attacher à de petits moyens.

L'établissement judiciaire fort économique; second avantage des Circuits. Mais ce qu'on économise en Juges par les Circuits on le dépense au double en avocats et en procureurs. Les causes vont et viennent plusieurs fois des provinces à Londres, et de Londres dans les provinces. Il y a des appels plus fréquents, des hommes de loi résidents à payer, des hommes de loi voyageants, des frais de témoins, &c. &c. Je n'ai pas assez de con. naissance pratique pour calculer tous ces frais; mais on peut estimer que la nation dépense plus par les Juges circuïtaires qu'elle ne le ferait par l'établissement des tribunaux résidents.

Inconvénients graves des Circuits. De longs empri

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