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et qu'ils ont éclairé le peuple sur ses droits et sur les vrais intérêts de leur patrie. En parlant d'une Assemblée qui a si bien mérité la reconnaissance, non seulement de la France mais de l'Univers, qu'il me soit, pourtant, permis de dire qu'elle a fait une faute importante, et que cette faute peut, et devrait, être corrigée par votre digne Assemblée Législative. L'intolérance religieuse n'était pas dans les principes de l'Assemblée Constituante, mais, en général, tout au contraire; et si elle s'y est laissée entraîner une seule fois, en croyant servir la cause de la liberté, le succès n'ayant pas justifié en cela l'opinion qu'elle a formé, on ne saurait trop vite rectifier cette erreur, en revenant à cet égard sur ses pas, et en recourant avec confiance et avec certitude aux règles fondamentales de la justice, que l'on ne devrait jamais perdre de vue, pas même pour un instant.

J'ai maintenu un jour, dans le Parlement d'Angleterre, les deux propositions suivantes, et je les maintiendrai partout. Elles s'appliquent à la France comme à l'Angleterre; elles sont communes à tous les pays :

1. Que nulle Assemblée, soit Législative soit Constituante, ne peut avoir aucune autorité que celle qui émane de la nation qu'elle représente, et que cette autorité ne saurait jamais être, en aucun cas, plus grande que celle que la nation aurait le droit d'exercer si la nation (au lieu d'agir par des représentants) agissait par elle-même.

2. Qu'aucune nation, même agissante par elle-même, ne peut avoir le droit de contraindre les individus qui la composent que sur les objets seulement qui font

partie du Contrat Social, c'est-à-dire, sur les objets purement civils, et sur les objets purement politiques. Mais la religion n'étant point un devoir d'Anglais à Anglais, ni de Français à Français, ni de citoyen à l'Etat, ni de citoyen à citoyen, aucune nation, même agissante par elle-même, n'a le droit d'exiger d'aucun individu qui qu'il soit de faire aucun acte à l'égard de la religion qui peut être contraire à la conscience timorée du dit individu. Voilà les principes sacrés de la liberté religieuse.

Le Japon ou la Chine ne sont pas plus hors des limites de toutes les jurisdictions Européennes, que la conscience en matière de foi n'est entièrement hors des limites de la jurisdiction légitime de toutes les nations et de tous les gouvernements quelconques. Et comme il est du devoir de tout peuple, en faisant des loix, de se restreindre scrupuleusement à ses propres limites territoriales, de même il est du devoir de toutes les nations (et par conséquent du devoir de tout corps qui représente un peuple) de ne faire des loix compulsatoires que sur les vrais objets du Contrat Social, et non point sur des matières qui lui sont parfaitement étrangères. Ce n'est pas à la fin du dix-huitième siècle que l'on doit douter d'une vérité aussi évidente.

Or l'Assemblée Constituante a décrété que les prêtres prêteraient serment de maintenir la Constitution, tandis qu'il y a dans la Constitution de certaines choses qui affectent leur croyance religieuse, et auxquelles ils font mal à propos (et si vous le voulez absurdement) des objections. Mais pourquoi un tel serment pour des prêtres? A mes yeux il est souverainement ridicule.

Heureusement le dit décret ne fait point partie de la Constitution, et c'est avec un plaisir le plus grand que j'ai appris que des prêtres non-assermentés à Paris, et qui ont beaucoup d'influence parmi les autres prêtres nonassermentés, avaient expressement déclaré qu'ils prêteraient un serment d'obéir à la Constitution, ce qu'ils regardent comme un devoir passif, mais ils croyent (ou pretendent de croire) que c'est un devoir en eux de refuser le serment de maintenir la Constitution, ce qu'ils regardent comme une promesse de faire une chose active. Si c'est là leur langage vous ne devriez point hésiter de changer le dit serment pour eux. Vous avez dans votre Assemblée des hommes respectables par leurs talents et leurs lumières, M. Condorcet, M. Vaublanc, M. Lemontey, M. Gaudet, &c. Pourquoi ne pas assembler douze à quinze hommes pareils pour les consulter?

Le Veto a paralysé vos décrets sur les prêtres. Vous n'auriez sûrement pas de Veto pour le changement de la loi que je vous propose.

Le grand bien qui en résulterait serait de vous donner un moyen de distinguer les bons prêtres qui sont seulement bigots, des méchants perturbateurs aristocratiques, qui ne se servent de la religion que comme un masque hypocrite pour en imposer au peuple. Ce n'est pas à vous, Monsieur, à qui il peut être nécessaire de parler de l'importance de cet objet. Je frémis de penser aux massacres qui vont avoir lieu dans vos paroisses ignorantes, si vous avez la guerre; massacres qui auront la religion ou pour raison ou pour prétexte.

Commencez par vous ranger du côté de la plus scrupuleuse justice; ôtez à tous les prêtres le droit d'en

régistrer les naissances, les mariages, et les morts; séparez nettement la religion en tout de vos disputes sur les matières politiques, et vous pouvez alors (mais seulement alors) sévir avec force contre tous les perturbateurs du repos public quel que soit le masque qu'ils pourront porter.

Si vous êtes aussi philosophes en France que nous croyons que vous l'êtes, vous devez savoir qu'une Constitution libre n'est jamais si bien affermie que quand on a séparé la liberté civile des disputes sur la théologie. Il faut toujours distinguer votre liberté politique des tracasseries sacerdotales; car la vile superstition va passer comme un songe; mais les droits des hommes, les principes de la justice, le bon sens, et la philosophie sont immuables, et seront éternels.

Votre vœu, comme le mien, c'est l'affermissement de votre liberté; je dois donc vous dire la vérité avec franchise, car c'est en le faisant que je vous montrerai le mieux le respect que j'ai pour vous.

J'ai l'honneur d'être, très parfaitement, Monsieur, etc.,

STANHOPE.

M. Français (de Nantes) au Comte Stanhope.

MY LORD,

A Paris, 3 avril de l'an 4 (1792).

J'ai l'honneur de vous adresser mes remercîments pour l'excellent ouvrage de M. Mackintosh,' qui vient d'être traduit dans notre langue, ainsi que les Voyages du même auteur. J'espère que vous lirez avec quelque

1 Vindicia Gallicæ.

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plaisir l'ouvrage de M. Lacretelle, mon collègue, qui vous fera connaître notre position, quoique la timidité naturelle de l'auteur en ait beaucoup exagéré l'embarras. Vous y trouverez, je l'espère, des vues philosophiques, et l'esprit d'analyse, revêtues d'un style brillant et animé. Vous serez surpris qu'un écrivain de ce mérite reste muet à l'Assemblée. Mais notre salle est d'une construction si vicieuse, et l'impétuosité des mouvements y est telle, que l'audace appuyée d'une voix sonore y prévaut souvent sur le génie auquel il manque un organe physique. Il n'existe plus en France heureusement d'autre aristocratie que celle des fortes poitrines.

J'ai lu avec un grand plaisir le second ouvrage de Thomas Paine.' Mettant à part son système de république, et le tort qu'il a de ne pas tenir compte de la différence qui existe entre les Américains et les Français, je ne puis m'empêcher de considérer son auteur comme l'un des premiers génies de l'Europe. Ses productions ont quelque chose d'original et de sauvage; comme les forêts Américaines, où se développèrent les premiers germes de son génie. J'ai lu avec le même plaisir, dans le 'Morning Chronicle,' vos opinions dans la Chambre Haute. Nous sommes persuadés, qu'en dépit des intrigues des Cours, la force des choses, l'analogie des sentiments, des lumières, et des gouvernements ameneront à la longue l'union des deux peuples. M. Sheridan a prononcé sur le Russian armament' un discours qui était tout nerf, et digne de ce pseudonyme, qui, sous le nom de Junius Brutus, fit tant de peine au

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1 The second part of the 'Rights of Man.'

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