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réciproque de votre part. C'est un homme dont les lumières ont été les plus utiles à la Révolution. Vous le trouverez persuadé d'une grande verité qui ne vous est point étrangère, que les intérêts de l'Angleterre et de la France ne sont point contraires, et qu'au moment où la politique des cours cédera la place à la politique des nations les deux peuples, qui ont le plus de raisons de s'estimer, s'alliéront, et procureront par cette alliance la paix au monde. Puisse ce moment s'accélérer; et peut-être la situation actuelle des affaires en Europe serait-elle propice à diriger nos deux Gouvernements vers ce but désirable.

M. de Talleyrand serait très-propre à être l'organe d'une pareille négociation si votre Ministère paraissait disposé à l'entamer de bonne foi, et sans doute vous concourriez à une aussi belle œuvre, si vous croyez qu'elle pût s'effectuer. Beaucoup d'esprits ici commencent à croire qu'elle n'est pas impossible.

Agréez, my Lord, etc.

LA ROCHEFOUCAULD.

M. Français (de Nantes) au Comte Stanhope.

MY LORD,

Paris, 23 février, 1792. J'espère que vous aurez reçu la réponse que j'ai eu l'honneur de vous adresser à Seven oak, Kent.

Je ne doute pas que des malveillants n'exagèrent beaucoup l'embarras de notre position pour écarter la proposition de nos envoyés auprès de votre Cabinet. La nation Française éprouve actuellement une crise; mais

telle est la vigueur de ce malade que je suis très-persuadé que le premier coup de canon va lui donner une énergie prodigieuse, et réunir tous les partis dans un effort commun. Le peuple s'est élevé à une telle hauteur, et il sent tellement la dignité de sa nouvelle existence, que nul effort humain ne pourra le forcer de reculer. On se chicane actuellement sur des principes plus ou moins exagérés, mais dans le danger tout le monde sera d'accord. Nous avons au moins deux millions de soldats. Nos biens nationaux s'élèvent à plus de trois milliards, et paieront à peu près notre dette. Les retards dans le recouvrement des impôts proviennent du système trop compliqué adopté par le Corps Constituant, de la nécessité de former un nouveau cadastre de toutes les terres. Mais partout où les rôles sont faits on paie, et l'on paie un tiers de moins que sous l'ancien régime. Notre commerce, absolument paralysé par la subversion de nos colonies, se relèvera aussitôt que les blancs et les gens de couleur seront d'accord, et c'est à quoi nous travaillons. Enfin nos maux ne sont que momentanés. Ils sont l'effet de la plus grande secousse politique que jamais aucune nation ait éprouvée, mais les biens qui en doivent résulter seront durables, et ils ont pour base certaine l'intérêt évident des 19-20èmes de la nation. On est généralement persuadé en France qu'il vaut mieux périr que de reculer; et l'Assemblée Nationale en donnera l'exemple.

Daignez, Milord, soutenir l'honneur de notre nation contre ses détracteurs, qui nous jugent sur des gazettes Ministérielles, qui peignent comme des anthropophages le peuple qui, environné de dangers et au milieu de la

rage de ses ennemis, se montre le peuple le plus doux

de l'Europe.

Je suis, avec respect, etc.,

FRANÇAIS,

Député de la Loire Inférieure.

Le Comte Stanhope à M. Français (de Nantes).

MONSIEUR,

Mansfield Street,

à Londres, ce 6 mars, 1792.

J'ai reçu la lettre du 23 février que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire; elle m'a fait un grand plaisir. Rien ne peut m'en faire d'avantage que de recevoir de bonnes nouvelles de votre grande et admirable Révolution, et je me sentirai toujours très-obligé aux personnes qui m'en donneront.

J'ai aussi reçu votre précédente lettre, qui m'était adressée à ma campagne en Kent; et je suis charmé que mes idées sur vos prêtres, que je vous ai exprimé dans ma longue lettre, aient mérité l'approbation de quelques-uns des plus respectables membres de votre digne Assemblée Nationale.

Il y a environ huit jours que je fis un discours dans la Chambre des Pairs sur la conduite des Ministres par digne rapport à la Russie.

J'y ai introduit les affaires de France, et je les ai mis dans un point de vue différent de ceux qui ont précédemment traité cette matière. Mr. Paine et quelques autres écrivains ont eu la maladresse de tâcher de faire croire que le succès de votre Révolution en France serait la chute de notre Constitution en Angleterre. Ils vous

ont créé par là des ennemis nombreux qui autrement ne le seraient pas. Je ne crois pas leur idée bien fondée, vû que nous sommes déjà libres, que l'Angleterre est à présent, comme vous le savez, le pays le plus riche de l'Europe, et qui prospère le plus, et qui (le climat à part) est actuellement le plus heureux. J'ai exposé au Parlement un principe tout contraire à celui de Mr. Paine. Je leur ai représenté que votre Révolution, suivie d'une alliance entre la France et l'Angleterre, nous assurerait la paix, et par là une augmentation de prospérité qui produirait par conséquent un degré de contentement chez la nation qui tendrait à préserver notre Constitution. Qu'au contraire, notre Constitution aurait à risquer, si l'ancien et absurde système de guerre réprenait, vû les dépenses ruineuses que ce système détestable entraîne, et que tout ce que nous aurions le plus à craindre serait l'établissement en France d'un gouvernement sous des auspices Autrichiens, Russes, ou autres auspices étrangèrs quelconques.

J'ai parlé du désir des amis de votre nouvelle Constitution en France d'être liés avec les Anglais, et qu'une telle alliance assurerait aux deux pays la prospérité pendant des siècles; et que nous devions nous servir en votre faveur en ce moment de notre influence envers toutes les nations.

Ce discours a été accueilli par des vifs applaudissements dans les différentes parties de la Chambre. J'espère (malgré tous les obstacles) de voir un jour nos deux nations unies par des liens indissolubles; et je ne cesserai de travailler pour cela.

Je vois dans le Logographe No. 150 que Monsieur

Hausseman a proposé dans votre Assemblée un établissement national pour le dépôt des assignats. Je suis charmé de voir que l'honorable membre ait agité cette question importante. Il propose en surplus qu'on puisse y deposer des monnaies, des ingots d'or et d'argent, et des pierres précieuses. Je doute fort si, en cela, il a raison. Voudrez-vous bien faire et à lui et à M. Condorcet une seule observation, à savoir, le danger de créer par là une grande tentation à une populace, dans un moment de crise, de venir attaquer et piller le dit dépôt; au lieu que dans mes lettres à M. Condorcet, je proposais qu'on n'y tînt que des livres. Il n'y aurait pas même d'inconvénient d'y tenir des assignats, parceque par le moyen du feu, ou par des moyens chimiques, on pourrait subitement détruire les assignats, et empêcher par là que des insurgents ne s'en emparent. Ce n'en est pas de même des autres articles susdits. Et par rapport aux livres, on devrait en avoir une copie exacte portée chaque jour à quelqu'autre endroit de sûreté.

Permettez que je vous entretienne encore une fois sur la question des prêtres non-assermentés. Nul homme dans aucun pays ne peut regarder avec plus de respect ni avec plus de vénération que je ne le fais la plupart des étonnants travaux de l'Assemblée Nationale Constituante. Quels efforts n'ont-ils pas fait ! Que de tyrannies n'ont-ils pas renversé, et en si peu de temps, et avec si peu de moyens! Et que de vérités n'ont-ils pas développé !

Ils ont fait presque tout pour l'établissement d'une constitution libre, lorsqu'ils ont fait armer les patriotes,

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