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ce ne sont jamais eux qui sont les vrais ennemis. Il y a toujours injustice, et peut-être toujours imprudence, à les accuser des dangers d'une situation qu'ils n'ont pas faite, et dont les causes échappent au pouvoir de tout Gouvernement. A l'intérieur sans doute l'ordre social tout entier est en péril, mais il l'est par un changement survenu dans l'économie politique des nations, et la vôtre surtout, que personne n'a voulu, dont personne ne s'est rendu compte. Il l'est parceque la grande masse de la nation se compose désormais de laboureurs sans terres, et d'artisans sans atelier que leur maître peut congédier tous les samedis et condamner au désespoir et à la famine. Cette condition, qui n'existait point autrefois mais qui comprend aujourd'hui presque tout homme qui travaille, est la pépinière de vos Chartistes et de vos Radicaux. On les rallie avec des mots qu'ils ne comprennent pas, autour de principes faux ou inapplicables, mais leur puissance est bien réelle, et la diminution annuelle des salaires ne peut qu'augmenter leur nombre. Dieu les garde de la victoire, car plus ils seraient puissants plus ils rendraient leur sort malheureux, ainsi que celui de la nation; mais Dieu nous garde aussi de nous faire illusion sur leurs souffrance, auxquelles nous devons remédier, ou sur leur puissance et le danger dont ils nous menacent.

Au dehors les difficultés s'accumulent également. Elles ne viennent pas des hommes qui sont au pouvoir, mais du fond même des choses. Ce sont les progrès même de la prosperité qui ont causé la fermentation du Canada en lui donnant le sentiment de sa puissance. Aux Indes Occidentales l'émancipation des nègres est

un des actes les plus beaux, les plus généreux, qu'ait fait aucune nation, mais l'enthousiasme populaire l'a précipité malgré le Ministère, de manière à ne pas laisser le temps d'élever au rang des paysans ceux qu'on sortait du rang des esclaves. En Irlande vous nous faites voir dans votre histoire tous les germes des calamités qui devaient grandir et qui la désolent aujourd'hui. Aux Indes c'est l'étendue de l'empire et sa prospérité qui semblent avoir tourné la tête de ceux qui la gouvernent, et qui les précipite dans des guerres imprudentes. Au Levant la Turquie vermoulue tombe par son propre poids, et on ne rend pas de la force à un empire en lui conservant malgré lui une intégrité que chacun de ses membres repousse.

Jamais peut-être circonstances plus graves ne se sont combinées pour rendre difficile le Gouvernement. La tâche des Ministres dépasse je crois l'étendue des forces humaines. Pourquoi donc se réserver le droit d'employer contr'eux un langage véhément? Pourquoi ce langage se fait il entendre en effet dans les deux Chambres et dans les journaux, de la part de Conservateurs qui détruisent ce qui est important de conserver, le respect pour le pouvoir? Il me semble voir dans les Ministres des hommes qui travaillent à la pompe d'un vaisseau qui fait eau de toutes parts; à leurs chutes répétées on reconnaît qu'ils succombent à la fatigue. Soutenez les, encouragez les, mais ne cherchez pas à les animer à coup d'étrivières, et si vous prenez leurs places que ce soit sans combat, car si vous suspendez un moment le travail des pompes l'eau croissante vous gagnera et vous noyera tous. Que de dangers de toutes parts!

Que de motifs pour désirer que les hommes éminents de tous les partis se réunissent au lieu de se combattre!

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Je suis bien flatté, my Lord, de l'aimable souvenir auquel je suis redevable d'une lettre de vous. Je ne saurais penser sans une vive reconnaissance à l'accueil que vous avez bien voulu me faire à Londres. La mémoire m'en est d'autant plus précieuse que j'ai moins l'espérance d'en jouir encore une fois. Je suis entré dans ma 69ème anneé, et ce qui compte plus que l'age, je suis atteint depuis neuf ou dix mois d'un mal qui probablement ne me quittera plus, un gonflement d'estomac et un hoquet qui dure le plus souvent du moment où je me lève à celui où je me couche.

Il y avait de votre part, my Lord, une bonté toute particulière à songer à moi au milieu de cette crise qui ébranle aujourd'hui votre pays, et que je contemple de loin avec une curiosité triste, avec tremblement, sans oser faire des voeux pour personne. Il n'en aurait pas été de même il y à une année. Mes sympathies étaient alors toutes pour les Whigs, pour des Ministres en qui j'aimais le désir du bien, du progrès, quoique je ne fusse pas toujours sans inquiétude sur leurs expériences. Mais leur politique étrangère, les guerres injustes et cruelles dans lesquelles ils ont précipité la nation, ont fait une révolution en moi. Je ne sais pas ce que je dois attendre

I

à l'avenir; je sais bien que pour l'univers, hors de votre île, je n'ai plus rien à regretter à leur chute.

Je crois bien que la meilleure politique était celle de la France. Par l'intégrité de l'Empire Ottoman elle entendait "laissons les s'arranger entr'eux; veillons seulement à ce qu'aucun voisin ne s'agrandisse à leurs dépens." Il était devenu assez évident que le sabre d'Othman ne suffisait plus pour gouverner l'empire, que les Turcs fort inférieurs en nombre, plus inférieurs encore en talents, ne pouvaient maintenir leur domination sur tant de nations sujettes, à la fois plus fortes et plus habiles qu'eux. Nous devions assister à la naissance de peuples nouveaux, à peu près comme à la chute de l'Empire Romain au moyen age. Ce qui a suivi la guerre de l'année passée, et les convulsions actuelles de la Turquie d'Europe, montrent assez que vous avez affaibli le Sultan au lieu de le fortifier, et que le danger du côté de la Russie est doublé. Mais on peut deviner mal les evènements; ce n'est encore qu'une erreur de l'esprit, tandis que l'établissement par la violence de nos théories chez des étrangers sur lesquels nous n'avons aucun droit est un crime. On a beaucoup débattu dans les deux Parlements si votre expédition en Syrie était une offense pour la France. Aux yeux de l'humanité ce n'est pas là qu'est la question. Aviez vous une cause légitime de guerre contre le Pacha d'Egypte ?-prince feudataire comme les Electeurs de l'Empire et qui a eu de tout temps le droit de guerre et de paix. Voici déjà plus de six mois depuis ces sanglantes exécutions; et le Ministère Anglais n'a pas indiqué seulement une offense, un grief, qui put motiver des hostilités, Alors

qu'est ce que les bombardements, l'incendie des villes, l'excitation à l'insurrection, la destruction de l'armée Egyptienne, des crimes, des meurtres, dont le nombre et la grandeur ne diminuent point l'atrocité? Dans une guerre sans cause, sans prétexte, l'Anglais s'est conduit en barbare, Mehemet Ali en Prince civilisé. Je ne dis pas qu'il n'y eut rien à faire pour la Syrie; l'influence Européenne pouvait la protéger, alléger son joug, au lieu de l'incendier et de mettre des armes aux mains de toutes les factions.

La guerre de la Chine me cause un sentiment d'horreur et de pitié plus profond encore. Il me semble voir diriger des colonnes d'infanterie et d'artillerie sur les écoles de l'enfance; c'est une horrible boucherie que le massacre d'êtres qui n'ont aucun moyen de se defendre. Une guerre est dejà jugée quand on voit des millions d'hommes tués d'un coté, 'quelques individus blessés de l'autre. Et puis le motif de cette guerre; le commerce d'opium et le commerce des nègres sont deux forfaits d'égale noirceur; de même c'est le sacrifice à la cupidité des droits du bonheur, de la vertu, de nations entières. L'année passée les Tories attaquèrent le Ministère sur cette guerre en lui reprochant l'iniquité de son objet. Lord Wellington se sépara alors de ses amis en déclarant que ce n'était pas pour la contrebande que vous vous battiez, mais pour obtenir réparation d'une insulte au représentant de l'Angleterre. Fort bien, vous l'avez obtenue, mais que signifie alors l'indemnité pécuniaire, et comment excuser le renouvellement annoncé des hostilités pour obtenir plus d'argent encore en faveur de contrebandiers qui ne méritent que la ruine?

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