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lui, aussi bien que par les personnages qu'il a introduits dans ses Saturnales, comme étant ses contemporains, tels que Symmaque et Prætextatus, qu'il a vécu sous les règnes d'Honorius et de Théodose, c'est-à-dire depuis l'an 395, époque de l'avénement d'Honorius au trône, jusqu'à l'an 435, époque de la publication du Code Théodosien. Aussi ceux qui ont classé les écrivains latins par ordre chronologique, ne se sont point écartés de cet intervalle. Riccioli, dans la Chronique qu'il a mise en tête de son Almageste, le place entre 395 et 400, et il relève Genebrard, Sansovino et Thevet, qui l'avoient placé au 9e siècle de l'ère chrétienne, ainsi que les rédacteurs du Catalogue de la Bibliothèque du Vatican, qui l'ont placé au 10. Saxius (loc. cit.), le place circà 410. M. Schoell, dans la Table synoptique des Ecricains romains, en tête de son Histoire de la Littérature latine, le place sous l'année 409.2

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IV. Tout ce que nous savons sur les dignités dont Macrobe fut revêtu, et sur les fonctions qu'il a remplies, est consigné dans le Code Théodosien. On y trouve d'abord une loi de Constantin,3 datée de Sirmium, le 12 des kalendes de Mars de l'an 326, adressée à un Maximianus Macrobius, sans qualification, que la dif férence du prénom, jointe à l'époque où il a vécu, permettroit de regarder comme étant le père de notre auteur.

La loi 15, liv. 16, tit. 10, de paganis, au Code Justinien, est adressée par Honorius à Macrobe, vice-préfet (pro-prafecto) des Espagnes.

Une loi datée de Milan, l'an 400, le blâme d'un empiétement de pouvoir, et le qualifie vicarius.

La loi 11, liv. 6, tit. 28, de indulgentiis debitorum, sous la date de l'année 410, est adressée à Macrobe, proconsul d'Afrique.

Enfin il existe un rescrit de Théodose le jeune et d'Honorius, daté de l'an 422,* et adressé à Florent. Dans ce rescrit, les empereurs déclarent qu'ils élèvent la dignité de præfectus sacri cubi culi à l'égal de celle de préfet du prétoire, de préfet urbain, ou de préteur militaire, en telle sorte que ceux qui en seront revêtus jouiront des mêmes honneurs et prérogatives que ces magistrats. Les empereurs ajoutent, qu'ils portent cette loi en considération des mérites de Macrobe, qu'ils qualifient de vir illustris; en preuve de quoi ils entendent qu'il soit le premier à profiter du

' RICCIOLI, Almagestum novum. Bononia, 1651, in-fol., 2 vol.

2 Histoire de la Littérature latine, par M. F. SCHELL. Paris, 1814, 4 vol. in-8vo. t. 4, p. 300.

3 Leg. 2, liv. 9, tit. 12, de Emendatione servorum.

* Liv. 6, tit. 8, de Præpositis sacri cubicult.

bénéfice de la loi, sans que ses prédécesseurs qui sont sortis de charge puissent y prétendre.

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On traduit ordinairement le titre de præpositus sacri cubiculi, par celui de graud-maître de la garde-robe, et l'on compare cette charge à celle que remplit le grand-chambellan dans les cours de l'Europe moderne. Elle existoit également dans l'empire d'Orient et dans celui d'Occident; celui qui en étoit revêtu étoit dans la 3 classe des illustres, dans laquelle il occupoit le premier rang. Il avoit au-dessous de lui plusieurs dignitaires, entr'autres le primicerius sacri cubiculi, qui avoit le titre de spectabilis, et les chartularii sacri cubiculi, au nombre de trente. Les Ms. donnent aussi à Macrobe le titre de vir Consularis et illustris, Gronovius démontre qu'à cette époque on donnoit cette qualification aux gouverneurs des provinces. Ernesti, dans l'index dignitatum, de son édition d'Annien Marcellin,3 fait voir qu'elle fut donnée au gouverneur de la Cole-Syrie. Quant à la qualification d'illustris, plusieurs auteurs cités par Gessner prouvent qu'on la donnoit à cette même époque aux Sénateurs de la première classe. Je ne dois pas laisser ignorer que quelques savans ont révoqué en doute, que le Macrobe dont il est question dans le rescrit à Florent, fût le même que l'auteur des Saturnales, et leur doute est fondé sur ce que la place de præpositus sacri cubiculi fut l'apanage ordinaire des euuuques, tandis que notre Macrobe eut un fils nommé Eustathe, auquel il adressa ses deux principaux ouvrages, en lui prodiguant les expressions de la plus vive tendresse: "Eustathi fili! luce mihi dilectior――vitæ mihi pariter dulcedo et gloria."

V. Quelle fut la religion de Macrobe? Cette question a excité une forte controverse parmi les érudits, parce qu'elle touchoit de près à de grands intérêts religieux. Le déiste anglois Collins, entr'autres objections contre l'Evangile, avoit soutenu qu'il n'étoit pas vraisemblable qu'un événement aussi marquant que le massacre des enfans de Bethleem et des environs, depuis l'âge de deux ans et au-dessous, rapporté par saint Mathieu, eût été passé sous silence par tous les écrivains païens, au nombre desquels il ne veut pas compter Macrobe, qui en a parlé, et qu'il considère comme chrétien. Collins avoit en sa faveur l'opinion de Grotius et cello

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Voyez Guid. PANCIRULLUS. Notitiæ dignitatum utriusque imperii. Genevæ, 1623, in-fol., pars secunda, pag. 57.

2 Observatt. Eccles. c. 21.

3 Lipsia, 1773. in-8vo.

4 Novus Lingue et eruditionis Romanæ Thesaurus, locupletatus et emendatus a Jo. Matth. GESSNERO. Lipsiæ, 1774. 4 vol. in-fol.

5 Ch. 2, v. 16.

6 Satúrnal., liv. 2, ch. 4.

7 Opera theologica H. GROTII. London, 1679; 4 vol. in-fol. Commentaire sur les Evangiles, t. 2, vol. 1, p. 19.

« nous

de Barthius. Ce dernier, tout en disant qu'on trouve dans les écrits de Macrobe quelques légers indices qu'il professoit la religion des chrétiens (assertion qui me paroît tout au moins hasardée), le place néanmoins au nombre des écrivains païens. Jean Masson se chargea de répondre à Collins, et le fit dans une lettre écrite en anglois, adressée à Chandler, évêque de Coventry, et imprimée à la suite d'un ouvrage de ce dernier en faveur de la religion chrétienne. 2 Masson y établit le paganisme de Macrobe, en faisant voir, qu'à l'imitation de Celse, de Porphyre, de Julien, il s'efforce de laver le polythéisme du reproche d'absurdité qu'on lui adressoit avec tant de justice, et que c'est dans ce dessein qu'il réduit ses nombreuses divinités à n'être plus que des emblêmes, des attributs divers du soleil. Au reste, continue Masson, dont j'analyse les raisonnemens, il ne parle jamais de ces dieux que le vulgaire adoroit, sans marquer qu'il leur rendoit aussi les mêmes honneurs. "Dans nos saintes cérémonies," dit-il, prions Janus. 3-Nous adorons Apollon, etc." Ces expressions et plusieurs autres semblables se rencontrent fréquemment dans les Saturnales; et certainement s'il eût été chrétien, Macrobe se seroit abstenu de les employer, à une époque où la lutte entre les deux principales religions qui se sont partagé la croyance du monde existoit encore dans toute sa vigueur, et étoit même la passion dominante qui occupoit alors les esprits. On sait d'ailleurs que les premiers chrétiens poussoient si loin le scrupule en cette matière, qu'ils s'abstenoient de manger des viandes qui avoient été offertes aux idoles, et que plusieurs d'entr'eux furent mis à mort pour avoir refusé de participer sous les empereurs païens au service militaire, qui les eût contraint de rendre aux fausses divinités des honneurs qu'ils regardoient comme coupables. Tous les interlocuteurs que Macrobe introduit dans les Saturnales, et qu'il donne pour ses amis et ses plus intimes confidens, témoignent le plus parfait assentiment et la plus sincère admiration pour le systême religieux de Prætextatus: "Quand il eut cessé de parler, tous les assistans, les yeux fixés sur lui, témoignoient leur admiration par leur silence; ensuite on commença à louer, l'un sa mémoire, l'autre sa doctrine, tous sa religion, assurant qu'il étoit le seul qui connût bien le secret de la nature des dieux, que lui seul avoit l'intelligence pour comprendre les choses divines et le génie

Advers. et Comment., liv. 48, ch. 8, colonn. 2258.

2 A Vindication of the Defence of Christianity, from the prophesies of the Old Testament. London, 1728. in-8vo. On trouve aussi une analyse assez étendue de cette lettre dans le t. 13, p. 434 de la Bibliothèque raisonnée des ouvrages des Savans de l'Europe. Amsterdam, 1734, in-12.

3 Saturnal. 1. 1, ch. 9.

4 Id., liv. id., ch, 17.

pour en parler." L'on sait d'ailleurs que Prætextatus étoit prêtre des idoles, comme on le verra plus bas. Quant à Symmaque (qui est aussi un des principaux interlocuteurs des Saturnales), outre qu'il fut grand-pontife, ses écrits contre le christianisme, qui sont parvenus jusqu'à nous, ne laissent aucun doute sur ses opinions Une présomption nouvelle en faveur du paganisme de Macrobe, c'est le silence absolu qu'il garde sur la religion chrétienne, dont le sujet de ses ouvrages appeloit si naturellement la discussion; s'il ne l'a point abordée, c'est, je pense, par égard pour les sentimens du souverain à la personne duquel il se trouvoit attaché par un emploi important, et qu'il aura craint sans doute de choquer: qu'il me soit permis de faire remarquer, en terminant sur cette question, que les chrétiens parvenus à être les maîtres du pouvoir, n'usèrent point de représailles envers les païens qui naguère les avoient si cruellement persécutés, et que tandis que les diverses sectes de la nouvelle religion déployoient les unes contre les autres toute leur énergie, celle-ci laissa le polythéisme expirer paisiblement de vétusté. 2

VI. Maintenant que tous les documens qui nous restent sur la personne de Macrobe sont épuisés, je passe à l'examen de ses ouvrages; il nous en est parvenu trois le Commentaire sur le Songe de Scipion, les Saturnales, et le Traité des différences et des associations des mots grecs et latins.

COMMENTAIRE SUR LE SONGE DE SCIPION.

Un fragment du 6e liv. de la République de Cicéron, dans lequel Scipion Emilien voit en songe son aïeul l'Africain, qui lui décrit les récompenses qui attendent, dans une autre vie, ceux qui ont bien servi leur patrie dans celle-ci; tel est le texte choisi par Macrobe pour exposer dans un Commentaire divisé en deux livres, les sentimens des anciens concernant le systême du monde. Astronomie, astrologie, physique céleste, cosmologie, métaphysique, telles sont les sections des connoissances humaines sur lesquelles roulent ses dissertations; monumens d'autant plus précieux qu'il est permis de les considérer comme l'expression fidèle des opinions des savans de son temps, sur ces diverses matières. Brucker reconnoît dans ses principes un adepte de la secte platonicienne régénérée; soit lorsqu'il lui voit reproduire la célèbre

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1 Saturnal., liv. 1, ch. 24.

Deux expressions de Macrobe semblent déceler le Chrétien: Deus omnium fabricator (Saturnal., 1. 7. c. 5), Deus opifex omnes sensus in capite locavit (Id.l. id. c. 14). On doit remarquer néanmoins que ces expressions n'auroient rien d'étrange dans la bouche d'un Néo-platonicien de la fin du 4e siècle.

Trinité de Platon,' soit lorsqu'il lui voit professer la doctrine de l'indestructibilité de la matière, et soutenir qu'elle ne fait réellement que changer de formes, alors qu'elle paroît à nos yeux s'anéantir, soit enfin lorsque Macrobe ne veut voir dans les divinités du paganisme que des allégories des phénomènes physiques. Les connoissances astronomiques qu'il développe dans ce même ouvrage, ont déterminé Riccioli à le compter au nombre des astronomes, et même à consacrer un chapitre de l'Almageste à son systême astronomique. *

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Barthius pense que le Commentaire sur le Songe de Scipion faisoit partie des Saturnales, et il se fonde sur ce qu'il a vu un Ms. de cet ouvrage qui avoit pour titre: Macrobii Th. V. C. et inl. Commentariorum tertia diei Saturnaliorum, liber primus incipit. "En sorte que, d'après cela," dit-il, "il paroîtroit que la principale division de l'ouvrage de Macrobe étoit celle par journées, dont la 3e auroit été remplie par le Commentaire, dans lequel, en effet, il explique le seus caché de Cicéron, de même que dans les Saturnules, il explique celui de Virgile; il ne seroit pas impossible que quelques paroles qui auroient lié ces deux ouvrages ensemble se fussent perdues, ce qu'on sera plus disposé à croire alors qu'on saura, que tandis qu'il est annoncé, à la fin du ge livre des Saturnales, que le lendemain la réunion doit avoir lieu chez Symmaque, néanmoins la discussion qui commence immé. diatement le 3o liv. a lieu chez Prætextatus. Remarquez d'ailleurs que dans la division actuelle des livres, le troisième et le quatrième en formeroient à peine un, comparés à l'étendue de ceux qui les précèdent et de ceux qui les suivent." Je ferai observer encore à l'appui de l'opinion de Barthius, qu'en tête des deux ouvrages, Macrobe adresse également la parole à son fils Eustathe; mais il faut remarquer aussi, contre cette même opinion, que tandis que dans les Saturnales il est fait mention fréquemment des interlocuteurs, il n'est jamais question d'eux dans les deux livres fort étendus qui composent le Commentaire sur le Songe de Scipion.

Le grammairien Théodore Gaza' a traduit en grec le Songe de Scipion de Cicéron, ce qui a fait croire faussement à plusieurs savans qu'il avoit traduit aussi le Commentaire de Macrobe. La seule traduction de cet ouvrage qui ait été faite jusqu'à présent,

'Saturnal., liv. 1, ch. 17.

2 Id., liv. 2, ch. 12.

3 Id., liv. id., ch. 4. Vid. Historia critica philosophie, a Jac. BRUCKERIO. Lipsie, 1766-7, 6 vol, m-4to, t. 2, p. 356.

C'est le ch. 14 de la section 3 du liv. 9, t. 2, p. 282, et suiv.

5 CLAUDIANI Opera, ex editione et cum commentario Casp. BARTHIT. Francfort, 1650, in-4to, p. 791.

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