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cultivateur. Mais ce n'est pas ici l'agriculture ordinaire, qui sème ou recueille dans leurs saisons les productions de la nature, obéit à ses vieilles lois, et suit ses anciennes habitudes : c'est l'agriculture merveilleuse, qui ne se contente pas de mettre à profit les bienfaits de la nature, mais qui triomphe des obstacles, perfectionne les productions et les races indigènes, naturalise les races et les productions étrangères; force les rochers à céder la place à la vigne, les torrens à dévider la soie, ou à dompter les métaux; sait créer ou corriger les terrains, creuse des canaux pour l'agriculture et le commerce, fertilise par des arrosemens les lieux les plus arides, réprime ou met à profit les ravages et les usurpations des rivières; enfin parcourt les campagnes, tantôt comme tantôt comme une déesse qui sème des bienfaits, tantôt comme une fée qui prodigue des enchantemens.

Le troisième chant est consacré à l'observateur naturaliste, qui, environné des ouvrages et des merveilles de la nature, s'attache à les connoître, et donne ainsi plus d'intérêt à ses

promenades, de charmes à son domicile et d'occupations à ses loisirs; se forme un cabinet d'histoire naturelle, orné, non de merveilles étrangères, mais de celles qui l'environnent, et qui, nées dans son propre sol, lui deviennent plus intéressantes encore. Le sujet de ce chant est le plus fécond de tous, et jamais une carrière et plus vaste et plus neuve ne fut ouverte à la poësie.

Enfin le quatrième apprend au poëte des champs à célébrer, en vers dignes de la nature, ses phénomènes et ses richesses. En enseignant l'art de peindre les beautés champêtres, l'auteur a tâché d'en saisir lui-même les traits les plus majestueux et les plus touchans.

Le traducteur des Géorgiques de Virgile, en composant les siennes, s'est affligé souvent d'avoir avec son modèle la plus triste des ressemblances. Comme Virgile, il a écrit sur les plaisirs et les travaux champêtres pendant que les campagnes étoient désolées par guerre civile et la guerre étrangère comme lui, il détournoit ses yeux de ces amas de

la

cadavres et de ruines, pour les rejeter sur les douces images du premier art de l'homme et des innocentes délices des champs. Auguste, paisible possesseur de Rome encore sanglante, s'occupa de ranimer l'agriculture et les bonnes mœurs, qui marchent à sa suite; il engagea Virgile à publier ses Géorgiques : elles parurent avec la paix, et en augmentèrent les charmes. C'est un heureux augure pour son imitateur puisse ce poëme porter dans les ames effarouchées par de longues craintes, ulcérées par de longues souffrances, des sentimens doux et des affections vertueuses! L'indulgence du lecteur jugera moins rigoureusement un ouvrage composé dans des temps si malheureux : il eût été plus soigné et moins imparfait, s'il eût été composé avec un esprit libre et un cœur plus tranquille, et si, dans cette terrible révolution, l'auteur n'eût perdu que sa fortune!

Je finis cette préface par désavouer plusieurs morceaux de mes ouvrages non imprimés, qui se trouvent épars dans des journaux ou des

recueils, morceaux dans lesquels j'ai trouvé avec peine des passages passages insérés par des mains étrangères; tels sont particulièrement une traduction d'une satyre de Pope, faite presque au sortir de mon enfance, et une lettre écrite de Constantinople sur des ruines de la Grèce: il est juste qu'on ne soit chargé que de ses propres fautes.

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