DU PREMIER CHAN T. (1) .... Il part, vole, arrive; l'ennui Le reçoit à la grille, et se traîne avec lui. Nous citons ici les vers d'Horace dont ceux-ci sont l'imitation. Iidem eadem possunt horam durare' probantes? << Nullus in orbe sinus Baiis prælucet amoenis, « « Si dixit dives: lacus et mare sentit amorem Festinantis heri. Cui si vitiosa libido « Fecerit auspicium, cras ferramenta Teanum « Tolletis, fabri. Lectus genialis in aulâ est? << Nil ait esse prius, melius nil celibe vitâ. Si ㄍ non est; jurat bene solis esse maritis. « Quo teneam vultus mutantem Protea nodo? » HORAT. EPISTOLARUM Lib. I. Ep. I. (Note de l'auteur.) (2) Ou le brochet glouton, qui dépeuple les eaux? Quelques-uns de ces vers sont imités de la Forêt de Windsor, par le célèbre Pope, ainsi que quelques autres vers de la description de la chasse le sont du poëte Denham. (Note de l'auteur.) (3) De ses assassins même attendrissent les cœurs. Nous croyons faire plaisir au lecteur de réunir ici les morceaux les plus intéressans de plusieurs poëtes, sur la chasse. LES MOIS, PAR ROUCHER; chant IX. Le cor, pour éveiller les châteaux d'alentour, «Frappe et remplit les airs de bruyantes fanfares: « L'ardent coursier hennit, et vingt meutes barbares, En rapide aboîment font éclater leurs voix. « « Les chiens vers la forêt en tumulte s'avancent; Et bientôt sur leurs pas l'impétueux coursier, Tout fier d'un conducteur brillant d'or et d'acier, «Non loin de la retraite où l'ennemi repose «Arrive. L'assaillant en ordre se dispose: Tous ces flots de chasseurs, prudemment partagés, Se forment en deux corps, sur les ailes rangés; R Les chiens au milieu d'eux se placent en silence. " 《 Tout se tait : le cor sonne; on s'écrie, on s'élance, Et soudain, comme un trait, meute, coursier, chasseur, « Du rempart des taillis ont franchi l'épaisseur. ९ Éveillé dans son fort au bruit de la tempête, La terreur dans les yeux, le cerf dresse la tête, Voit la troupe sur lui fondant comme un éclair; Il déserte son gîte; il court, vole et fend l'air, " Et sa course déjà, de l'aquilon rivale, " Entre l'armée et lui laisse un vaste intervalle : << Mais les chiens plus ardens, vers la terre inclinés, R Dévorant les esprits de son corps émanés, Demeurent sans repos attachés à sa trace; «Ils courent. L'animal, ô nouvelle disgrace! R L'animal est surpris en un fort écarté. « Moins confiant alors en son agilité, Par la feinte et la ruse il défend sa foiblesse; « Sur lui-même trois fois il tourne avec souplesse, Ou cherche un jeune cerf, de sa vieillesse ami, « Et l'expose en sa place à l'œil de l'ennemi. " Mais la brûlante odeur des esprits qu'il envoie, Conductrice des chiens, les ramène à sa voie. « C'est alors qu'il bondit et veut franchir les airs; « Sa trace est reconnue. Enfin, dans ces déserts << Contre tant d'ennemis ne trouvant plus d'asile, 《 « Le roi de la forêt à jamais s'en exile. " Il ne reverra plus.ce spacieux séjour, « Où vingt jeunes rivaux, vaincus en un seul jour, Laissoient à ses plaisirs une vaste carrière: « « Il franchit, n'osant plus regarder en arrière, " Il franchit les fossés, les palis et les ponts, " Et les murs et les champs, et les bois et les monts. «Tout fumant de sueur, près d'un fleuve il arrive, Et la meute avec lui déjà touche à la rive. ་ Le premier dans les flots il s'élance à leurs yeux. « Avec des hurlemens les chiens, plus furieux, « Trempés de leur écume, affamés de carnage, Se plongent dans le fleuve et l'ouvrent à la nage. a Et, tandis que sa nef les porte à l'autre bord, « Vogue, franchit le fleuve, et, de l'onde sorti, " ་ Fuit encor, de chasseurs et de chiens investi. << Sa force enfin trompant son courage, il s'arrête! Il tombe: le cor sonne, et sa mort qui s'apprête L'enflamme de fureur; l'animal aux abois Se montre digne encor de l'empire des bois. Il combat de la tête, il couvre de blessures « L'aboyant ennemi dont il sent les morsures. " Mais il résiste en vain; hélas ! trop convaincu « Que, foible, languissant, de fatigue vaincu, « Il ne peut inspirer que de vaines alarmes, " Pour fléchir son vainqueur il a recours aux larmes : Ses larmes ne sauroient adoucir son vainqueur. «Il détourne les yeux, se cache; et le piqueur, " Impitoyable et sourd aux longs soupirs qu'il traîne, «Le perçant d'un poignard, ensanglante l'arène. « Il expire; et les cors célèbrent son trépas. " A leur voix éclatante accourez à grands pas, « Vous, enfans des héros, vous qui, nés pour la gloire, Devez de flots de sang acheter la victoire; "De vos cruels emplois venez prendre les mœurs. » |