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Chefs-d'œuvres d'une main en merveilles féconde,

Dont un seul prouve un Dieu, dont un seul vaut un monde.
Tel est le triple empire à vos ordres soumis.

De nouveaux citoyens sans cesse y sont admis.
Cette ardeur d'acquérir que chaque jour augmente,
Vous embellira tout; une pierre, une plante,
Un insecte qui vole, une fleur qui sourit,

Tout vous plaît, tout vous charme, et déjà votre esprit
rang, le gradin, la tablette fidèle,

Voit le rang,

Tout prêts à recevoir leur richesse nouvelle;

Et peut-être en secret déjà vous flattez-vous
Du dépit d'un rival et d'un voisin jaloux.

Là les yeux sont charmés, la pensée est active ;
L'imagination n'y reste point oisive;

Et, quand par les frimats vous êtes retenus,

Elle part, elle vole aux lieux, aux champs connus;
Elle revoit le bois, le coteau, la prairie,

Où, s'offrant tout à coup à votre rêverie,
Une fleur, un arbuste, un caillou précieux

Vint suspendre vos pas, et vint frapper vos yeux.
Et lorsque vous quittez enfin votre retraite,
Combien des souvenirs l'illusion secrète
Des campagnes pour vous embellit le tableau !
Là votre œil découvrit un insecte nouveau ;

Ici la mer, couvrant ou quittant son rivage,
Vous fit don d'un fucus, ou d'un beau coquillage:
Là sortit de la mine un riche échantillon;
Ici, nouveau pour vous, un brillant papillon
Fut surpris sur ces fleurs, et votre main avide
De son règne incomplet courut remplir le vide.
Vous marchez vos trésors, vos plaisirs sont partout.
Cependant arrangez ces trésors avec goût;

Que dans tous vos cartons un ordre heureux réside.
Qu'à vos compartimens avec grâce préside
La propreté, l'aimable et simple propreté,
Qui donne un air d'éclat même à la pauvreté.
Surtout des animaux consultez l'habitude;
Conservez à chacun son air, son attitude,

Son maintien, son regard. Que l'oiseau semble encor,
Perché sur son rameau, méditer son essor.
Avec son air fripon montrez-nous la belette
A la mine allongée, à la taille fluette;

Et, sournois dans son air, rusé dans son regard,
Qu'un projet d'embuscade occupe le renard.
Que la nature enfin soit partout embellie,
Et même après la mort y ressemble à la vie. 50

Laissez aux cabinets des villes et des rois

Ces corps où la nature a violé ses lois,

Ces fœtus monstrueux, ces corps à double tête,
La momie à la mort disputant sa conquête,
Et ces os de géant, et l'avorton hideux
Que l'être et le néant réclamèrent tous deux. 51
Mais si quelqu'oiseau cher, un chien, ami fidèle,
A distrait vos chagrins, vous a marqué son zèle
Au lieu de lui donner ces honneurs du cercueil
Qui dégradent la tombe et profanent le deuil,
Faites- en dans ces lieux la simple apothéose:
Que dans votre élysée avec grâce il repose!
C'est là qu'on veut le voir; c'est là que tu vivrois,
O toi dont Lafontaine eût vanté les attraits,
O ma chère Raton, qui, rare en ton espèce,
Eus la grâce du chat et du chien la tendresse ;
Qui, fière avec douceur et fine avec bonté
Ignoras l'égoïsme à ta race imputé.

Là je voudrois te voir, telle que je t'ai vue,
De ta molle fourrure élégamment vêtue
Affectant l'air distrait, jouant l'air endormi,
Épier

une mouche, ou le rat ennemi,

Si funeste aux auteurs, dont la dent téméraire
Ronge indifféremment Dubartas 5o ou Voltaire ;
Ou telle que tu viens, minaudant avec art,
De mon sobre dîner solliciter ta part;

Ou bien, le dos en voûte et la queue ondoyante,
Offrir ta douce hermine à ma main caressante,
Ou déranger gaîment par mille bonds divers
Et la plume et la main qui t'adressa ces vers.

Fin du troisième chant,

Our, les riches aspects et des champs et de l'onde 1

D'intéressans tableaux sont la source féconde:
Oui, toujours je revois avec un plaisir pur
Dans l'azur de ces lacs briller ce ciel d'azur,
Ces fleuves s'épancher en nappes transparentes,
Ces
gazons serpenter le long des eaux errantes,
Se noircir ces forêts et jaunir les moissons,
En de rians bassins s'enfoncer ces vallons,

Les monts porter les cieux sur leurs têtes hautaines
Et s'étendre à leurs pieds l'immensité des plaines;
Tandis que, colorant tous ces tableaux divers,
Le soleil marche en pompe autour de l'univers.
Heureux qui, contemplant cette scène imposante,
Jouit de ses beautés! plus heureux qui les chante!
Pour lui tout s'embellit; il rassemble à son choix
Les agrémens épars et des champs et des bois,
Et dans ses vers brillans, rivaux de la nature,
Ainsi que des objets, jouit de leur peinture.

Mais loin ces écrivains dont le vers ennuyeux
Nous dit ce que cent fois on a dit encor mieux!
Insipides rimeurs! n'avez-vous pas encore
Épuisé, dites-moi, tous les parfums de Flore?

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