Изображения страниц
PDF
EPUB

prise comme je l'ai déjà dit dans cette préface par l'ordre d'Henry VIII, imprimée en caractères gothiques à Londres par Richard Pinson, en 1525,

format in-folio, réimprimée plus tard par W. Middleton et enfin républiée en 1812 sous les formats in-4.o et in-8.o; l'autre de Johnes, imprimée dans son château d'Hafod, formats in-4.° et in-8. en 1803, ornée de plusieurs gravures d'après les dessins du manuscrit de la bibliothèque du roi de France, décrit par Montfaucon, avec un supplément publié en 1810.

Il y en a aussi une traduction en langue flamande de Guerrit Potters van der Loo, mais qui ne paroît pas avoir jamais été imprimée.

Sleidan et Belleforêt en ont fait un abrégé, l'un en latin publié plusieurs fois et traduit même en anglois par P. Golding, Londres 1608; l'autre en françois, format in-16, imprimé à Paris en 1572 chez Hulpeau, sous le titre de Recueil diligent et profitable, auquel sont contenues les choses plus notables à remarquer dans toute l'histoire de Jean Froissart, mis en un abrégé et illustré de plusieurs annotations par Frédéric de Belleforét.

On trouve également quelques chapitres copiés de Froissart dans un ouvrage in-folio intitulé La mer des histoires. Les historiens ne se faisoient alors aucun scrupule de se copier réciproquement et sans aucun changement. On eut dit que dès qu'un fait étoit sorti de la tradition orale pour recevoir une

forme écrite, il devenoit du domaine commun et appartenoit à qui vouloit s'en emparer.

M. Dacier n'eut pas plutôt comparé les diverses éditions françoises aux manuscrits qui étoient sous sa main, qu'il comprit la nécessité d'abandonner tout-à-fait les imprimés et de collationner les manuscrits entre eux afin d'obtenir un texte plus pur et plus complet. Là une nouvelle difficulté se présentoit. Presque tous ces manuscrits différoient entre eux non-seulement dans la construction d'un assez grand nombre de phrases, mais aussi par le nombre des chapitres. Ici les affaires de Bretagne, par exemple, étoient racontées avec d'assez grands développements, tandis que les affaires de Flandre et de Guyenne étoient réduites à un abrégé tout-à-fait sec et succinct. Là au contraire les affaires de Guyenne et de Flandre se présentoient avec leurs développements naturels, tandis que les affaires de Bretagne étoient abrégées à leur tour. Un grand nombre de manuscrits offroient successivement ces variations extraordinaires. Pour expliquer ce fait, il faut se rappeler qu'avant l'invention de l'imprimerie, et long-temps même après cette époque, la possession d'un manuscrit étoit une chose fort dispendieuse. Comme les citoyens en France ne s'imaginoient pas qu'ils fussent quelque chose dans l'histoire de leur pays, ils ne songeoient pas à se procurer les ouvrages dans lesquels il étoit question de ce qu'on avoit fait par eux ou contre eux. Les chroniques n'étoient

regardées en quelque sorte que comme des registres nobiliaires et des archives de la couronne, et les grands seigneurs seuls songeoient à en conserver une copie. C'étoit ordinairement aux couvents dans la bibliothèque desquels étoient déposées ces chroniques qu'on s'adressoit pour en obtenir des copies. Quelques-unes furent faites avec bonne foi et scrupule; dans d'autres au contraire on remarque avec étonnement que, pour avoir plutôt fait, le copiste a tronqué la narration d'une expédition entière, tandis qu'il a laissé à d'autres faits leurs dimensions naturelles. Quelquefois même on est allé plus loin et un fait a été accommodé à des passions particulières, un récit augmenté ou défiguré. Tel est, par exemple, l'histoire de la tentative du prévôt des marchands Marcel pour livrer Paris au roi de Navarre pendant la captivité du roi Jean. Les éditions imprimées qui sont faites d'après les manuscrits les plus incomplets et les plus inexacts avoient représenté Jean Maillart comme un ennemi du roi de Navarre et comme le libérateur de Paris, tandis qu'il est constant par des pièces du Trésor des Chartes qu'il étoit si prononcé dans le parti de Marcel que le régent avoit confisqué une partie de ses biens, en faveur d'un comte Portien; mais si les imprimés et quelques manuscrits inexacts ont faussé ce récit, soit par négligence, soit par corruption peut-être, la famille Maillart possédant des biens fort étendus à Paris, d'autres manuscrits vien

nent redresser les faits et rendre à chacun ce qui lui est dû. Un manuscrit que l'on croit de la fin du quatorzième siècle, et qui a appartenu à Guillaume Boisratier fils d'un bourgeois de Bourges et devenu depuis archevêque de Bourges en 1410, rapporte les évènements de cette nuit d'une manière toute différente des imprimés et offre une nouvelle preuve de l'exactitude de Froissart. D'autres manuscrits fortifient ce témoignage, et ajoutent à l'autorité des chroniques et à la confiance que l'on peut avoir en elles. Le seul embarras est de distinguer entre les copies celles en assez grand nombre qu'on peut suivre, et le petit nombre de celles qui n'ont pas été faites avec la même bonne foi.

Afin de choisir avec critique dans ces textes si divers, M. Dacier examina d'abord les divers manuscrits des bibliothèques publiques et particulières de Paris. Lié avec tous les érudits de l'époque, il écrivit ou fit écrire par les autorités compétentes à toutes les bibliothèques de France pour avoir communication des manuscrits de Froissart qui pouvoient y être déposés. Ses recherches s'étendirent plus loin. Il s'adressa aux ministres pour obtenir d'eux que nos envoyés dans les différentes cours lui envoyassent les originaux ou les copies exactes des autres manuscrits connus en Europe, et ce ne fut que quand il eut entre les mains tous ces précieux matériaux qu'il commença à rédiger un texte plus complet et plus épuré que tous ceux qu'on

avoit pu obtenir jusqu'à ce moment et qu'il sera même jamais possible de se procurer; car un des meilleurs et des plus complets de tous les manuscrits européens, celui de St.-Vincent de Besançon a disparu au milieu des orages de notre révolution, pour être peut être transporté avec d'autres en Russie, sans que toutes les investigations faites par ordre du gouvernement impérial aient pu le faire retrouver.

Le travail de M. Dacier se divisoit en deux parties distinctes, le texte d'abord, et les notes sur ce texte.

A l'époque où il commença l'impression du premier livre, dont une partie seulement fut imprimée sans qu'elle ait cependant jamais vu le jour, la révision du texte était entièrement terminée. Des quatre livres de Froissart le premier avoit été copié sur le manuscrit duroi N°.8318; le second livre sur le manuscrit N°. 8343; le troisième livre sur le manuscrit dela bibliothèque de St.-Vincent de Besançon perdu aujourd'hui; le quatrième livre sur le manuscrit du roi No. 8329: c'étoient là les manuscrits que M. Dacier avoit trouvés les meilleurs. Il avoit d'ailleurs constamment collationné ces copies avec tous les autres manuscrits, et il avoit ajouté, soit dans le texte, soit en note, les leçons qui lui avoient semblé mériter la préférence sur celles de sa première copie. Par là le nouveau texte de Froissart est d'un quart au moins plus étendu que tous ceux que l'on connaissoit. Les changements les plus heureux pour la certitude des

« ПредыдущаяПродолжить »