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puis mie (pas) maintenant tous nommer et qui bien seront en temps et lieu ramenteus (célébrés); car pour vérité dire et soutenir, on doit bien tenir pour assez preux tous ceux qui en si crueuses (cruelles) batailles et si périlleuses ont été vus et sont demeurés jusques à la déconfiture, suffisamment faisant leur devoir.

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CHAPITRE II.

CI COMMENCE A PARLER DU ROI ÉDOUARD D'ANGLETERRE ET DE L'OPINION DES ANGLOIS.

mcccxxvi,

PREMIÈREMENT, pour mieux entrer en la matière de honorable et plaisante histoire du noble roi Édouard d'Angleterre qui fut couronné à Londres l'an de grâce MCCCXXVI, le jour de Noël ("), au vivant du roi son père et de la reine sa mère, certaine chose estque l'opinion des Anglois communément est telle, et on l'a souvent vu avenir en Angleterre puis (depuis) le temps dugentil roi Artus (2), , que, entre deux vaillans

(1) On a déjà vu plus haut que cette date étoit inexacte. Suivant un memorandum publié dans les actes de Rymer. (in-f'. La Haye 1739, 1740, etc. T. 2. Part. 2. Page 172.), Édouard III fut couronné en 1327le dimanche d'après la fête de la conversion de St. Paul, qui étoit le dimanche 25 janvier. Ainsi le dimanche qui le suivit fut le 1er février. Dans la nouvelle édition in-fo. de l'art de vérifier les dates, cette cérémonie est mal à propos placée au 2 février. J. D.

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(2) C'est le fameux Arthur de la table ronde si célébré depuis par les romanciers. Geoffroy de Mortmouth a complètement défiguré la vie de ce petit souverain dans sa fabuleuse histoire. Les triades galloises le

rois d'Angleterre, a toudis (toujours) eu un moins suffisant de sens et de prouesse; et assez apparent est par le roi Édouard dont je parlois maintenanț. Car voir (vrai) est que son tayon (ayeul) qu'on appela le

montrent ce qu'il étoit véritablement. Arthur, fils d'Uthur suivant les uns, de Meirig ap Tewdrig suivant les autres, vivoit à la fin du cinquième et au commencement du sixième siècle. Il devint en 510 souverain d'une des trente petites républiques substituées aux trente cités romaines dans la Grande Bretagne. Ses possessions se trouvoient sur la côte méridionale de l'Angleterre dans l'ancienne province des Silures; et à l'époque de l'invasion des Saxons, il paroît que, comme son père, il fut nommé en 517 Pen-Teyrn ( premier chef), dignité qui lui donnoit une espèce de suprématie sur tous les autres chefs alliés. D'après Myrddhin, Taliesin, Llywarch-hên et les autres bardes gallois, il fut constamment en guerre avec quelques chefs bretons d'un côté, et les envahisseurs Saxons d'un autre. Après avoir été forcé de permettre au Saxon Cerdic qui étoit débarqué en 495, de former enfin, en 530, un établissement fixe dans les comtés de Southampton et de Sommerset qui composèrent depuis le royaume de Wessex (Saxe occidentale), Arthur périt obscurément en 542, dans une guerre domestique contre son neveu Médrawd qui avoit séduit sa femme Gwenhyfar. Blessé à mort dans une bataille qu'il livra contre Médrawd à Caerleon, sur la côte de Cornouailles, il fut transporté par les soins de Morgan sa parente dans l'île de Glastonbury, dont elle étoit propriétaire. Sa mort resta long-temps secrète par suite de l'état de division dans lequel se trouvoit la Grande Bretagne entière. Il fut aisé de faire croire au peuple opprimé par les Saxons, qu'Arthur n'avoit été éloigné du monde que par un art magique, et que tôt ou tard il reviendroit pour faire triompher les Cymry (Gallois). Cette opinion qui flattoit l'orgueil d'une na tion malheureuse se soutiat pendant plusieurs siècles, malgré la haine qu'Arthur paroît avoir inspirée par sa cruauté pendant sa vie. En 1189, époque où les romans avoient agrandi sa renommée, on fit dans l'abbaye de Glastonbury, des recherches pour retrouver son corps et on trouva en effet ses restes dans un cercueil de chêne creusé, avec cette inscription, dont les caractères paroissoient être du temps d'Arthur. « Hìcjacet sepultus Inclytus rex Arthurus, in insulá Avalloniá. (Voyez Camden, Britannia; Archæologie de Galles, T. 1. et T. 2. Cambrian Register, P. 313, Sharon Turner Hist. des Anglo-Saxons, T. 1. P. 261.) J. A. B.

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bon roi Édouard (1) fut moult vaillant, sage et hardž prud'homme, et entreprenant, et bien fortunéen fait de guerre, et eut moult à faire contre les Écossois (2) et les conquit trois fois ou quatre; et ne purent oncques les Écossois avoir victoire ni durée contre lui. Et quand il fut trépassé, son fils (3) de son premier mariage,qui fut père au gentil roi Édouard (4) fut couronné après lui, qui point ne le ressembla de sens ni de prouesse ;ainçois (mais) gouverna et maintint son royaume moult sauvagement par le conseil d'autrui; donc puis (depuis) il lui meschey (arriva mal) moult laidement, si comme vous pourrez ouïr ci-après, s'il vous plait. Car assez tôt après ce qu'il fut couronné, le roi Robert Bruce (5) qui étoit roi d'Écosse, qui avoit tant et si souvent donné à faire au bon roi Édouard dessus dit qu'on tenoit pour moult preux,reconquit toute Écosse et la bonne cité de Berwick avec 6), et ardit (brûla) et gâta grand' partie du royaume d'Angleterre quatre journées ou

(1) Édouard Ier. de la maison d'Anjou-Plantagenet, surnommé aux longues jambes, fils d'Henri III et petit-fils de Jean-Sans-Terre. J. D. (2) Froissart dit souvent les Escots du mot anglois Scots, les Écos

sois. J. A. B.

(3) Édouard II surnommé de Caernarvor. J. D.

(4) Édouard III dont il est question dans cette histoire J. D.

(5) C'est celui qui ful roi d'Écosse sous le titre de Robert Ier. Il étoit fils de Robert Bruce comte d'Anandale et de Cleveland et compétiteur de J. Baliol, J. A. B.

(6) La ville de Berwick conquise par Édouard Ier, dont les forces s'étoient réunies à celles du comte d'Anandale, père de Robert Ier, fut reprise plus tard par Robert Bruce, roi d'Écosse son fils. Mais il y a dans le texte de Froissart inversion dans l'ordre des dates; la prise de Berwick fut postérieure à celle de Stirling. J. A. B.

(1)

cinq dedans le pays par deux fois, et déconfit celui roiet tous les barons d'Angleterre en un lieu en Écosse qu'on dit Stirling () par bataille rangée et arrêtée; et dura la chasse de cette déconfiture par deux jours par deux nuits; et s'en affuit (fuit) le roi d'Angleterre à (avec) moult peu de ses gens jusques à Londres, mais pour ce que ce n'est mie (pas) de notre matière, je m'en tairai atant.

et

CHAPITRE III.

COMMENT LE PÈRE AU

ROI ÉDOUARD FUT MARIÉ A LA FILLE DU BEAU ROI PHILIPPE DE FRANCE.

CE ROI qui fut père à ce gentil roi Édouard avoit deux frères de remariage (2) desquels l'un étoit appelé le comte marescaux (maréchal) et étoit de moult sauvage et diverse manière; l'autre avoit nom messire Edme et étoit comte de Kent: moult étoit

(1) C'est près de cette ville que se livra, le 25 juin 1314, la bataille sanglante et décisive connue sous le nom de bataille de Bannock- Burn du nom du ruisseau (Burn en Écossois) qui coule en cet endroit. Cette bataille fut,comme je viens de le dire, antérieure à la reprise de Berwick Froissart appelle Stirling, Estirmelin. J. A. B.

(2) Édouard II étoit fils d'Édouard Ier. et d'Éléonore de Castille. Ses deux frères de remariage, c'est-à-dire du second lit, étoient fils du même Édouard Ier. et de Marguerite de Frai ce. L'aîné, appelé Thomas, fut comte de Norfolk et grand maréchal d'Angleterre, d'où lui vint le nom de Comte Marescaux ou Comte Maréchal que lui dome Froissart; le second rommé Aymes ou plutôt Edme ou Edmond fut comte de Kent. (Imhoff, Geneal. regum et parium Mag. Britan. in fo. Norimbergæ, 1690. Tabula 6.) J. P.

celui prud'homme, doux et débonnaire, et bien aimé des bonnes gens. Ce roi étoit marié à la fille du beau roi Philippe de France (1) qui étoit une des plus bel

les dames du monde. Il eut de cette dame deux fils et deux filles, desquels fils, le premier est le gentil et le preux roi Édouard d'Angleterre de qui cette histoire est commencée; l'autre eut nom Jean d'Eltham et mourut assez jeune. L'aînée fille eut nom Isabelle (2) et fut mariée au jeune roi David roi d'Écosse (3) fils au roi Robert Bruce, et lui fut donnée en mariage en jeunesse par l'accord des deux royaumes d'Angleterre et d'Écosse et par paix faisant. L'autre fille fut mariée au comte Regnault de Gueldres, qui puis fut appelé duc de Gueldres, et eut de cette dame deux fils, Regnault et Édouard, qui puis régnèrent en grand'puissance contre leurs ennemis.

(1) Philippe IV dit le Bel. J. D.

(2) Tous les historiens et les généalogistes anglois la nomment Jeanne. (Imhoff. lbid.) J. D.

(3) David II qui fut gardé prisonnier par Édouard III, son beau frère, pendant dix ans à la tour de Londres, et, après la mort d'Isabelle, épousa plus tard, lorsqu'il fut rémonté sur le trône, la fille d'un chevalier écossois, David II mourut en 1370, laissant sa succession à Robert Stuart son neveu. Il existe encore des descendans de David dont le chef est lord Elgin actuel. J. A. B.

(4) Elle se nommoit Aliénor. (Imhoff, etc.)J. D.

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