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pagnons, tous hommes de fief du roi d'Écosse. Ainsi fut repris le fort châtel d'Édimbourg en Écosse; et en vinrent les certaines nouvelles au roi Anglois, tandis qu'il séoit devant Tournay: auquel siége nous retournerons, car il est heure.

CHAPITRE CXXXII.

COMMENT CEUX DE TOURNAY MIRENT HORS DE LA CITÉ TOUTES POURES (PAUVRES) GENS; ET COMMENT LE ROI DE FRANCE FIT SON MANDEMENT POUR LES SECOURIR.

Vous avez ci-dessus bien ouï recorder comment le roi d'Angleterre avoit assiégé la bonne cité de Tournay, et moult la contraignoit; car il avoit en son ost plus de six vingt mille hommes d'armes, parmi les Flamands, qui s'acquittoient bien de l'assaillir; et l'avoient les assiégeurs tellement environnée de tous côtés, que rien ne leur pouvoit venir, entrer, ni issir (sortir), qu'il ne fut tantôt hapé et aperçu. Et pour ce que les pourvéances (provisions) de la cité commencèrent à amenrir (diminuer), les seigneurs de France qui là étoient firent vuider toutes manières de poures (pauvres) gens, qui pourvus n'étoient pour attendre l'aventure, et les mirent hors à plein jour, hommes et femmes, et passèrent parmi l'ost du duc de Brabant, qui leur fit grâce; car il les fit conduire sauvement (en sûreté) tout outre l'ost. Le roi Anglois entendit par ceux et par autres que la cité étoit durement étreinte: il en fut

joyeux, et pensa bien qu'il la conquerroit, combien longuement ni quels frais il y mit. D'autre part le roi de France qui se tenoit à Arras, et fut toute la saison, entendit que ceux de Tournay étoient moult contraints, et qu'ils avoient grand mestier (besoin) d'être confortés. Si s'ordonna (disposa) à ce qu'il les conforteroit, à quel meschef que ce fut; car il ne vouloit mie perdre une telle cité que Tournay étoit. Si fit un très grand mandement par tout son royaume, et aussi une grand' partie dedans l'empire,. tant qu'il eut le roi Jean de Behaigne (Bohême), le duc de Lorraine, le comte de Bar, l'évêque de Metz, l'évêque de Verdun, le comte de Montbéliar, messire Jean de Châlons, le comte de Genève (Gènes), et aussi le comte de Savoye et messire Louis de Savoye son frère. Tous ces seigneurs vinrent servir le roi de France, à (avec) ce qu'ils purent avoir de gens. D'autre part revinrent le duc de Bretagne, leduc de Bourgogne, le duc de Bourbon, le comte d'Alençon, le comte de Forez, le comte d'Armagnac, le comte de Flandre, le comte de Blois, messire Charles de Blois, le comte de Harcourt, le comte de Dampmartin, le sire de Coucy et si grand'foison de barons et de seigneurs que les nommer par nom et par surnom seroit un grand détriement (délai). Après revint le roi de Navarre à (avec) grand'foison de gens d'armes de Navarre et de la terre qu'il tenoit en France, dont il étoit homme du roi; et si y étoit le roi David d'Écosse, à la délivrance (frais) du roi de France à (avec) belle route (suite) de gens d'armes.

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CHAPITRE CXXXIII.

COMMENT LE ROI DE FRANCE SE LOGEA AU PONT A BOVINES A TROIS LIEUES DE TOURNAY; ET

COMMENT

CEUX DE BOUCHAIN RESCOUIRENT (DÉLIVRÈRENT) LA PROIE QUE CEUX DE MORTAGNE EMMENOient.

QUAND tous ces seigneurs dessus nommés et plus

encore furent venus à Arras devers le roi, il eut conseil de chevaucher et de traire (aller) par devers ses ennemis. Si s'émut, et chacun le suivit, ainsi que ordonné étoit; et firent tant par leurs petites journées qu'ils vinrent jusques à une petite rivière (1) qui est à trois lieues près de Tournay, laquelle est moult parfonde (profonde), et environnée de si grands marais, que on ne la pouvoit passer que parmi un petit pont si étroit que un seul homme à cheval seroit assez ensonnié (embarrassé) de passer outre; deux hommes ne s'y pourroient combiner. Et logea tout l'ost sur les champs, sans passer la rivière, car ils ne purent. Lendemain l'ost demeura tout coi. Les seigneurs qui étoient de-lez (près) le roi eurent conseil comment ils pourroient faire pont pour passer cette rivière et les crolières (tourbières) plus aise et plus sûrement. Si furent envoyés aucuns chevaliers et ouvriers pour regarder le passage. Mais quand ils eurent tout considéré et avisé, ils regardèrent qu'ils perdoient leur temps. Si rap

(1) Sans doute, la rivière de Marque. J. D.

portèrent au roi qu'il n'y avoit point de passage, fors par le pont à Tressin tant seulement. Si demeura la chose en cet état, et se logèrent les seigneurs, chacun sire par lui et entre ses gens. Les nouvelles s'épandirent partout que le roi de France étoit logé au pont à Tressin et emprès (près) le pont de Bouvines, en intention de combattre ses ennemis : si que toutes manières de gens d'honneur qui se désiroient à avancer et acquérir grâce par fait d'armes, se traioient (portoient) cette part, tant d'un lez (côté) comme de l'autre.

Or avint que trois chevaliers Allemands, qui se tenoient en la garnison de Bouchain, furent informés que les deux rois s'approchoient durement, et que on supposoit qu'ils se combattroient; de quoi les deux prièrent tant à leur compagnon, qu'il s'accorda qu'il demeureroit, et les autres iroient querir les aventures devant Tournay; et il garderoit la forteresse bien et soigneusement jusques à leur retour. Si se partirent les deux chevaliers, dont on appeloit l'un messire Conrard d'Aerschot et l'autre messire Conrard de Lensemich, et chevauchèrent tant qu'ils vinrent vers Escaut-Pont dessus Valenciennes; car ils vouloient passer l'Escaut à Condé. Si ouirent entre Fresnes et Escaut-Pont grand effroi de gens, et en virent plusieurs fuyants. Adonc brochèrent (piquèrent) eux des éperons cette part et (ainsi que) leur route (suite); et pouvoient être environ vingt cinq lances. Si encontrèrent les premiers qui fuyoient et leur demandèrent ce qu'il leur failloit (manquoit) ni étoit avenu. « En nom de Dieu,

Seigneurs, ce répondirent les fuyants, les soudoyers (soldats) de Mortagne sont issus (sortis) et ont accueilli grand'proie ci entour, et l'emmènent devers leur forteresse, et avec ce plusieurs prisonniers de ce pays. » Donc répondirent les deux chevaliers Allemands: « Et nous sauriez-vous mener cette part où ils vont ? » En nom de Dieu, seigneurs, oil (oui). »

Adonc se sont mis les Allemands en chasse après les François de Mortagne, et ont suivi les bons hommes qui les avoièrent (conduisirent) parmi les bois, et avancèrent les dessus dits assez près de Notre Dame au Bois (1) et du Crousage; et étoient bien les François six vingt soudoyers, et emmenoient devant eux deux cents grosses bêtes, et aucuns prisonniers paysans du pays. Adonc étoit leur capitaine, de par le seigneur de Beaujeu, un chevalier de Bourgogne qui s'appeloit messire Jean de Frellay. Sitôt que les Allemands les virent, ils les écrièrent fièrement et se boutèrent de grand randon (impétuosité) entre eux; et là eut bon hutin (combat) et dur; car le chevalier Bourguignon se mit à défense et hardiment, et les aucuns de sa route (suite), non pas tous; car il en y eut plusieurs bidaus (2) qui fuirent; mais ils furent de si près enchassés des Allemands et des vilains du pays, qui les suivoient, à (avec) plançons (épieux) et à (avec) bourlès (massues), que peu en

(1) Chapelle et hameau à l'est de St. - Amand. On trouve àtrès peu de distance un autre hameau appelé la Croisette, qui pourroit bien être le Crousage du texte. J. D.

(2) Voyez la note de la page 303.

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