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le sire de Fauquemont. Ce sont ceux qui auroient plus grand'foison de gens d'armes en bref temps, que seigneurs que je sache en nul pays du monde; et si sont très bons guerriers, et fineront(trouveront) bien si ils veulent, de huit ou de dix mille armures de fer, mais(pourvu) que on leur donne de l'argent à l'avenant; et si sont seigneurs et gens qui gagnent volontiers. S'il étoit ainsi que le roi mon fils et votre sire eut acquis ces seigneurs que je dis, et il fut par deçà la mer, il pourroit bien aller requérir le roi Philippe outre la rivière d'Oise et combattre à lui. »

Ce conseil plut grandement à ces seigneurs d'Angleterre; puis prirent congé au comte de Hainaut et à monseigneur Jean son frère. Si s'en rallèrent vers Angleterre porter au roi le conseil qu'ils avoient trouvé au dessus dit comte et à son frère. Quand ils furent venus à Londres, le roi leur fit grand'fête et ils lui racontèrent tout ce qu'ils avoient trouvé en conseil, et l'avis du gentil comte et de monseigneur son frère; dont le roi eut grand'joie et en fut grandement renforcé, quand il eut entendu ce que son sire lui eut mandé et conseillé. Or vinrent ces nouvelles en France et monteplièrent (multiplièrent) petit à petit, que le roi Anglois supposoit et entendoit avoir grand droit à la couronne de France; et fut le roi Philippe informé et avisé de ses plus spéciaux ( particuliers amis que s'il alloit au voyage d'outre mer qu'il avoit

Valrame de Juliers, archevêque de Cologne, et qu'il est certain que le comté de Blankenheym dans l'Eyffel appartenoit à la maison de Juliers, à laquelle je ne crois pas qu'on connaisse aucune seigneurie nommée Bakehen. J D.

empris, il mettroit son royaume en très grand'aventure, et qu'il ne pouvoit faire ni exploiter meilleur point que de garder ses gens et ce qui sien étoit, dont il tenoit la possession, et qui devoit retourner à ses enfants. Si se refroida (refroidit) grandement de cette croix emprise et prêchée, et contremanda ses officiers qui ses pour véances (provisions) faisoient si grandes et si grosses que c'étoit merveilles, jusques à tant qu'il auroit vu de quel pied le roi Anglois voudroit aller avant, qui mie ne se refroidoit de lui pourveoir et appareiller, selon le conseil que ses hommes lui avoient rapporté du comte de Hainaut. Et fit assez tôt après ce qu'ils furent revenus en Angleterre ordonner et appareiller dix chevaliers bannerets et quarante autres chevaliers jeunes bacheliers et les envoya à grands frais par deçà la mer, droit à Valenciennes, et l'évêque de Lincoln ( qui fut - moult vaillant homme avec eux, en cause que pour traiter à (avec) ces seigneurs de l'Empire que le comte de Hainaut leur avoit dénommés, et pour faire tout ce que il et messire Jean son frère en conseilleroient. Quand ils furent venus à Valenciennes, chacun les regardoità grand' merveille, pour le bel et grand état qu'ils maintenoient, sans rien épargner néant plus

(1) L'évêque de Lincoln avoit deux adjoints particuliers qui stipulèrent avec lui dans les négociations, Guillaume de Montagu, comte de Salisbury et Guillaume Clynton, comte de Huntingdor. Les autres chevaliers qui l'accompagnoient n'étoient sans doute destinés qu'à donner plus d'éclat à l'ambassade; car on ne les trouve nommés dans aucun des traités. Les ambassadeurs et leur cortége arrivèrent vraisemblablement à Valenciennes dans les premiers jours de mai: il est du moins certain qu'ils y étoient le 12 de ce inois. (Rymer, ubi suprà. P. 167.) J.D.

que si le roi propre d'Angleterre y fut en propre personne; dont ils acquéroient grand' grâce et grand' renommée. Et si y avoit entr'eux plusieurs bacheliers qui avoient chacun un oeil couvert de drap vermeil, pourquoi il n'en put voir; et disoit-on que ceux avoient voué entre dames de leur pays, que jamais ne verroient que d'un œil jusqu'à ce qu'ils auroient fait aucunes prouesses de leurs corps au royaume de France (2); lesquels ils ne vouloient mie connoître. (faire connoître) à ceux qui leur en demandoient: si en avoit chacun grand❜merveille.

Quand ils furent assez fêtés et honorés à Valenciennes, du comte de Hainaut, de monseigneur Jean son frère et des seigneurs et chevaliers du pays et aussi des bourgeois et des dames de Valenciennes, le dit évêque de Lincoln et la plus grand'partie de eux se trairent (rendirent) pardevers le duc de Brabant, par le conseil du comte dessusdit. Si les fêta le duc assez suffisamment, car bien le savoit faire, et puis s'accordèrent si bellement au duc que il leur enconvenença (promit) de soutenir le roi son cousin et toutes ses gens en son pays (3); car faire le devoit,

(1) Voyez dans l'appendice le vœu du héron. J. A. B.

(2) Avant les entreprises périlleuses, les chevaliers s'engageoient assez ordinairement, par des vœux, dont rien ne pouvoilles dispenser, à faire quelque action d'éclat, souvent même de témérité; et comme les plus braves se piquoient d'enchérir les uns sur les autres, la valeur leur dictoit quelquefois des vœux singuliers tels que celui dont il s'agit ici, et d'autres encore plus bisarres. On en trouvera un grand nombre d'exemples dans les Mémoires sur l'ancienne chevalerie, par M. de la Curne de Ste. Palaye, édit. in-4°. P. 44. 160, etc. J. D.

(3) On ne trouve point dans Rymer le traité fait alors entre le duc de Brabant et les ambassadeurs d'Angleterre; mais on y voit plusieurs

et étoit son cousin germain: si pouvoit venir, aller et demeurer, armé et désarmé, toutes fois qu'il lui plairoit; et avec ce il leur enconvenença ( promit ) par tout son conseil, et parmi une certaine somme de florins, que si le roi Anglois son cousin vouloit le roi de France défier suffisamment et entrer à force en son royaume, et s'il pouvoit avoir l'accord et l'aide de ces seigneurs d'Allemagne dessus nommés, il le défieroit aussi et iroit avec lui atout (avec ) mille armures de fer. Ainsi leur eut-il en convent (convention) par sa créance (foi), de quoi il chancela et détria (différa) puis (depuis) assez, si comme vous orrez (entendrez) avant en l'histoire.

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CHAPITRE LXIV.

COMMENT LES SEIGNEURS D'ANGLETERRE FIRENT ALLIANCE AVEC LE DUC DE GUELDRES, LE MARQUIS DE JULIERS, L'ARCHEVÊQUE DE COLOGNE ET LE SIRE DE FAUQUEMONT.

ADONC furent ces seigneurs d'Angleterre moult aises; car il leur sembla qu'ils avoient moult bien besogné, tant comme au duc. Si s'en retournèrent à Valenciennes, et firent par messages et par l'or et

actes qui le supposent conclu; entre autres, une promesse d'Édouard, datée du 8 juin de cette année, de payer au dit duc de Brabant, la somme de dix mille livres sterling, pour des raisons qu'on ne spécifie point; et une obligation en date du 1er juillet suivant de lui payer soixante mille livres sterling à certains termes; enfin, des lettres par les quelles il s'engage à prendre à sa solde, dès qu'il sera arrivé sur les frontières'd'Allemagne, douze cents hommes d'armes que lui fournira le duc de Brabant. (Rymer, Ibid. P. 171. 176. 180.) J. D.

l'argent de leur seigneur tant que le duc de Gueldres serourge (beau-frère) du dit roi, le marquis de Juliers, pour lui et pour l'archevêque de Cologne Walerant son frère, et le sire de Fauquemont vinrent à Valenciennes parlerà eux, pardevant le comte de Hainaut,qui ne pouvoit mais chevaucher ni aller, et pardevant monseigneur Jean son frère; et exploitèrent si bien devers eux, parmi grands sommes de florins que chacun devoit avoir pour lui et pour ses gens, qu'ils leur enconvenencèrent (promirent) de défier le roi de France avec le roi Anglois quand il lui plairoit, et que chacun d'eux le serviroit à (avec) un certain nombre de gens d'armes à heaumes couronnés. En ce temps parloiton de heaumes couronnés, et ne faisoient les seigneurs nul compte d'autres gens d'armes s'ils n'étoient à heaumes et à tymbres (casques) couronnés. Or est cet état tout devenu autre maintenant que on parle de bassinets, de lances ou de glaives, de haches et de jaques (2); et vous dis que ces seigneurs dessus nommés enconvenencèrent (promirent) aux gens du roi Anglois qu'ils se aerdroient (allieroient) à d'autres seigneurs d'outre le Rhin, qui bien avoient pouvoir d'amener grand'foison de gens d'armes, mais (pourvu) qu'ils eussent le pourquoi : puis prirent congé les dessus dits seigneurs et Allemands et s'en rallèrent en leur pays, et les seigneurs

(1) Ces différens traités, rapportés par Rymer, sont datés des 24 et 27 mai et du 1er juin 1337.( Rymer, Ibid. P. 168. 159. 170 ) J. D.

(2) Jaque, espèce de casaque contrepointée qu'on mettoit par dessus la cuirasse. J. D.

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