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lée de ses prédécesseurs rois d'Angleterre et ducs d'Aquitaine il en devoit foi, hommage et loyauté faire au roi de France, ni du contraire on ne l'oseroit ni voudroit l'en (on) point conseiller. Ce propos et conseil fut arrêté et les messagers de France appelés; si vinrent de rechef en la chambre de conseil. Là parla l'évêque de Londres (1) pour le roi et dit:

Seigneurs, qui êtes ci envoyés de par le roi de France, vous soyez les biens venus. Nous avons ouï vos paroles et lu vos lettres et bien examinées à notre pouvoir et conseillées; si vous disons que nous conseillons à monseigneur qui ci est, qu'il voist (aille) en France voir le dit roi son cousin, qui moult aimablement le mande, et du surplus de foi et d'hommage il s'acquitte et fasse son devoir, car voirement (vraiment) y est-il tenu. Si vous retrairez (retirerez) en France et direz au roi votre seigneur que notre seigneur le roi d'Angleterre passera par delà temprement (avant peu) et fera tout ce qu'il doit faire, sans nul estrif (détour). »

Cette réponse plut grandement bien aux dits messagers de France et prirent congé au roi et à tout son conseil; mais ainçois (avant) il leur convint dîner dedans le palais de Westmoustier (Westminster), et les fêta le dit roi moult grandement et leur donna au départir, pour l'honneur et amour du roi de France son cousin, grands dons et beaux joyaux. Depuis ce fait ils ne séjournèrent guères de temps à Londres et s'en partirent; et exploitèrent tant par leurs journées qu'ils revinrent en France et droite

(1) Le docteur Stephen Gravesend. J. A B.

ment à Paris, où ils trouvèrent le roi Philippe, à qui ils contèrent toutes les nouvelles et comment ils avoient exploité, et en quel état ils étoient partis du roi d'Angleterre, et aussi comment grandement et honorablement il les avoit reçus, et à leur département et congé prendre, donné de ses biens. De toutes ces choses et exploits se contenta grandement le roi Philippe et dit que moult volontiers verroit le roi Édouard d'Angleterre, son cousin, car oncques ne l'avoit vu. Ces nouvelles s'épartirent parmi le royaume de France que le roi d'Angleterre devoit venir en France et faire hommage au dit roi. Si se ordonnèrent et appareillèrent moult richement et très puissamment ducs et comtes de son sang qui le désiroient à voir; et proprement le roi de France en écrivit au roi de Behaigne (Bohême) et au roi de Navarre, et leur signifia le certain jour que le roi d'Angleterre devoit être devers lui, et leur pria qu'ils y voulsissent (voulussent) être. Ces deux rois, puisque priés en étoient, ne l'eussent jamais laissé, et s'ordonnèrent au plutôt qu'ils purent, et vinrent en France en grand arroi devers le roi de France. Si fut adonc conseillé qu'il recueilleroit le dit roi d'Angleterre son cousin en la bonne cité d'Amiens. Si fit là faire ses pour véances (provisions) grandes et grosses, et administrer salles, chambres, hôtels et maisons pour recevoir lui et toutes ses gens, où il se comptoit parmi le roi de Behaigne (Bohême) et le roi de Navarre, qui étoient de sa délivrance), le duc de

(1) C'est-à-dire auxquels il faisoit délivrer à ses dépens tout ce qui leur étoit nécessaire. J. D.

Lorraine, le duc de Bourgogne, le duc de Bourbon et messire Robert d'Artois, à (avec) plus de trois mille chevaux, et le roi d'Angleterre qui y devoit venir à (avec) six cents chevaux. Il avoit adonc et a encore à Amiens bien cité pour recevoir aisément autant de princes et leurs gens et plus encore. Or parlerons du roi d'Angleterre et comment il passa la mer-et vint cette année, l'an mil trois cent vingt neuf, en France.

CHAPITRE LII.

COMMENT LE ROI D'ANGLETERRE VINT A AMIENS, OU IL FUT HONORABLEMENT REÇU DU ROI DE FRANCE ET LUI FIT HOMMAGE, MAIS NON MIE TOUT ENTIÈREMENT COMME IL DEVOIT.

LEJEUNE roi d'Angleterre ne mit mie (pas) en oubli le voyage qu'il devoit faire au royaume de France, et s'appareilla bien et suffisamment, ainsi que à lui appartenoit et à son état. Si se partit d'Angleterre quand jour fut du partir (). En sa compagnie avoit deux` évêques, celui de Londres (2) et celui de Lincoln, et quatre comtes, monseigneur Henry comte de Derby, son cousin germain, fils messire Thomas

(1) Édouard s'embarqua à Douvres le vendredi 26 mai 1329, vers midi. (Rymer, T. 2. Part. 3. P. 26.) J.D.

(2) Les deux traductions angloises de lord Berners et de Johnes disent: avec deux évêques, sans compter l'évêque de Londres. Ces deux évêques étoient le docteur John Stratford évêque de Winchester et le docteur Henry Burwash, évêque de Lincoln. J. A. B.

de Lancastre au tort col; son oncle, le comte de Salisbury (), le comte de Warwick et le comte de Hereford; six barons, monseigneur Regnaut de Cobham,monseigneur Thomas Wager,maréchal d'Angleterre, monseigneur Richard de Stafford, le seigneur de Percy, le seigneur de Man, et le seigneur de Mowbray, et plus de quarante autres chevaliers.

Si étoient en la route (suite) et à la délivrance (frais) du roi d'Angleterre plus de mille chevaux, et mirent deux jours à passer entre Douvres et WissanQuand ils furent outre et leurs chevaux traits (tirés) hors des nefs et des vaissiaulx (vaisseaux), le roi monta à cheval, accompagné ainsi que je vous ai dit, et chevaucha tant qu'il vint à Boulogne; et là fut-il un jour. Tantôt nouvelles vinrent au roi Philippe de France et aux seigneurs de France, qui jà étoient à Amiens, que le roi d'Angleterre étoit arrivé et venu à Boulogne. De ces nouvelles eut le roi Philippe grand'joie et envoya tantôt son connétable (2) et grand' foison de chevaliers devers le roi d'Angleterre, qu'ils trouvèrent à Montreuil sur la mer, eteut grandes reconnoissances et approchemens d'amour. Depuis chevaucha le jeune roi d'Angleterre en la compagnie du connétable de France, et fit tant avec

(1) Guillaume de Montagu ne fut fait comte de Salisbury qu'en 1337, suivant Imhoff, Tab. 56. Froissart a donné, par anticipation, ce titre à Montagu, qui le possédoit quand il a écrit son histoire, J. D.

(2) Comme la date précise de la mort de Gaucher de Chatillon, conné table de France, arrivée dans le cours de cette année 1329, n'est pas connue, on ignore si c'est de lui qu'il s'agit ici, ainsi que l'a pensé du Chesne (Hist. gén, de la mais. de Chatillon, P. 351), ou de Raoul de Brienne, comte d'Eu, qui lui succéda dans la dignité de connétable, J. D,

sa route (suite) qu'il vint en la cité d'Amiens, où le roi Philippe étoit tout appareillé et pourvu de le recevoir, le roi de Behaigne (Bohême), le roi de Navarre et le roi de Maillogres (Majorque) (1) de-lez (près) lui, et si grand' foison de ducs, de comtes et de barons que merveilles seroit à penser: car là étoient tous les douze pairs de France pour le roi d'Angleterre fêter,et aussi pour être personnellement et faire témoin à son hommage. Si le roi Philippe de France reçut honorablement et grandement le jeune roi d'Angleterre, ce ne fait mie à demander; et aussi firent tous les rois, les ducs et les comtes qui là étoient, et furent tous iceux seigneurs adonc en la cité d'Amiens, jusqu'à quinze jours. Là eut maintes paroles et ordonnances faites et devisées; et me semble que le roi Édouard fit adonc hommage de bouche et de parole tant seulement, sans les mains mettre entre les mains du roi de France, ou aucun prince ou prélat de par lui député("); et n'en voulut

(1) Dom Jayme II de la maison d'Arragon, roi de Majorque et seigneur de Montpellier.J. D.

(2) Édouard ne refusa point de mettre ses mains dans celles du roi de France, le contraire est dit formellement dans l'acte d'hommage que Rymer nous a conservé et que j'ai cru devoir rapporter ici, afin qu'on puisse le comparer, tant avec le récit de Froissart qu'avec les lettres patentes qui sont l'interprétation de cet acte et qu'on trouvera ciaprès.

Instrumentum homagii per Eduardum 111, Ambianis facti.

Au nom de Dieu, amen.

Sachent tous, par la teneur de ce public instrument, que, présens nous, notaires et tabellions publics, et les témoins ci-dessous nommés, vint en la présence de très haut, très excellent prince, notre très cher sire, Philippe, par la grâce de Dieu, roi de France, et comparut, en sa persome, haut et noble prince, monseigneur Édouard, roi d'An

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